Vous avez affirmé qu'il était difficile de retenir des critères de choix catégoriels, dans la mesure où les électeurs appartenaient à plusieurs catégories à la fois. Mais les femmes ne constituent pas selon moi une catégorie – point sur lequel je ne suis pas en opposition avec M.Slama. Et il me semble qu'en utilisant le tirage au sort, système de l'aléa, on devrait en principe parvenir à une parité absolue. En faisant en sorte que le personnel politique représente à peu près à parité le genre humain, ne parviendra-t-on pas à faire apparaître les catégories socioprofessionnelles qui ne sont pas représentées aujourd'hui, sachant que les femmes sont davantage victimes d'inégalités que les hommes ?
D'autre part, lorsque vous soulignez la nécessité de s'interroger quant à l'efficacité à long terme de la représentativité, entendez-vous par efficacité la similitude entre les citoyens et leurs représentants et l'adhésion des premiers aux seconds ? Ne conviendrait-il pas plutôt de faire en sorte que les représentants soient efficaces pour transformer la société ?
Vous avez indiqué que d'autres facteurs, tels que la répartition des tâches ménagères, limitaient la représentation des femmes et rappelé les mesures adoptées dans les pays du Nord pour parvenir à une représentation équilibrée. Mais est-ce parce que ces dispositifs existent que les femmes sont plus représentées ou, à l'inverse, parce que de nombreuses femmes sont représentées que ces dispositifs existent ? Le président Bartolone nous a en effet expliqué l'autre jour que si, en Suède, ni les hommes ni les femmes politiques ne travaillaient en fin de journée ou de semaine, c'était parce que les premiers comme les secondes devaient contribuer à l'éducation des enfants et aux tâches ménagères. Il me semble donc que le plus opératoire serait d'assurer une représentation égalitaire des hommes et des femmes.