Intervention de Christine Noiville

Réunion du 20 mai 2015 à 17h00
Office parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et technologiques

Christine Noiville, présidente du Haut Conseil des biotechnologies :

– Je vois que vous êtes pressés ; je veux juste dire encore un mot. Je ne peux pas ne pas répondre à la question que vous avez posé tout à l'heure, qui consistait à savoir si oui ou non le HCB était utile. Et c'est vrai qu'on peut se poser cette question à deux égards.

Certains se disent que, puisque le maïs génétiquement modifié est interdit à la culture en France, la messe est dite. Et, d'autre part, il y a ceux qui disent que ça ne sert à rien dès lors que les parties prenantes ne parviennent pas à un consensus au sein du CEES.

Ma vision des choses est évidemment complètement différente. Sur le premier point d'abord, notre mission ne porte pas exclusivement sur les PGM ; nous avons bien d'autres cas de figure à traiter. Par ailleurs, ce n'est pas parce qu'un choix politique aujourd'hui a conduit à l'interdiction de la mise en culture d'un certain nombre de maïs génétiquement modifiés que demain la donne ne sera pas différente ; c'est aux politiques d'en décider ; c'est à nous HCB de les éclairer suffisamment, par exemple pour leur dire ce que les nouveaux types de plantes transgéniques aujourd'hui en développement peuvent apporter comme opportunités ou comme contraintes.

Quant au second point, je n'ai vu nulle part, ni dans la loi de 2008 ni dans les décrets de fonctionnement du HCB, que la mission du HCB était de faire en sorte que les parties prenantes se mettent d'accord dans une espèce de grande Pax Romana. Là n'est pas l'objectif du HCB, et ça serait bien naïf de penser que le HCB pourrait y parvenir. Bien sûr, il y a des consensus sur toute une série de points ; c'est, par exemple, assez intéressant de savoir que à propos des essais de thérapie génique, il est rare que nous n'ayons pas de consensus ; mais, sur un certain nombre d'autres sujets, les points de vue sont beaucoup plus divers. Que préférez-vous : une décision publique construite sur la base d'un large débat, d'opinions très différentes, de toutes les sensibilités et d'une expertise rigoureuse, ou fondée sur un consensus factice qui lui sert d'alibi ? Il y a un moment où il faut faire des choix politiques sur le fondement de débats, fussent-ils non consensuels.

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