Intervention de Jean-Louis Roumegas

Réunion du 5 décembre 2012 à 16h00
Commission des affaires sociales

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean-Louis Roumegas :

En tant que représentants de la Nation, nous sommes heureux de vous entendre sur vos projets, monsieur le président. Mais nous souhaitons aussi que vous entendiez ce que nous avons à vous dire, qui est simplement l'écho de ce que nous disent nos concitoyens. Vous savez que la majorité envisage de légiférer pour limiter ou interdire les licenciements ou les suppressions d'emplois à caractère boursier. En situation de crise, c'est une exigence qui s'impose à l'ensemble des acteurs économiques. En outre, l'industrie pharmaceutique est un enjeu stratégique en matière de santé publique. Vous l'avez vous-même reconnu : le système de sécurité sociale français vous a permis de vous développer, et sans doute de conquérir des marchés internationaux. Il ne faut pas oublier le rôle qu'a joué la solidarité nationale dans le développement de votre entreprise et du secteur pharmaceutique en général. J'ajoute que vous avez reçu des aides publiques en matière de recherche, ce qui nous autorise à vous demander des comptes.

Les dissonances entre le discours des syndicats et le vôtre apparaissent nombreuses. Cela mérite des explications de votre part. Vous évoquez environ 910 suppressions de postes, là où les syndicats parlent de 2 000 à 2 400. Vous parlez de volontariat, mais celui-ci serait très relatif : quelle peut être la marge de liberté d'un salarié dont on supprime l'activité sur un site donné, et que vaut la notion de volontariat dans ce cadre ?

J'en viens à la stratégie. Vous avez reconnu vos défaillances en matière de recherche en indiquant que sur dix-huit produits nouveaux, seuls trois étaient issus de la recherche interne. On est en droit de se demander si vous ne seriez pas tentés d'externaliser l'intégralité de la recherche. De votre propre aveu, vous avez eu davantage recours à des acquisitions à l'extérieur qu'à la recherche interne ? La tentation pourrait même être de compter sur la recherche publique pour vous concentrer sur la production.

S'agit-il simplement de regrouper les activités de recherche en France sur les sites de Paris et de Lyon, ou réduisez-vous la part de la recherche effectuée dans notre pays pour la délocaliser ? Si la recherche est externalisée, qu'est-ce qui peut garantir que la production reste sur le territoire national ? En général, ce sont les activités de recherche qui sont maintenues dans les pays les plus développés, tandis que la production est délocalisée.

Votre stratégie de développement suscite la même perplexité. Parallèlement aux restructurations, vous développez en effet des activités nouvelles qui ont peu à voir avec la santé publique. Vous vous associez à l'industrie agro-alimentaire pour vous lancer dans les compléments alimentaires. Je pense au projet en cours sous la marque Oenobiol. Pour le dire clairement, vous allez introduire Coca-Cola dans nos pharmacies ! Pour qui se soucie de santé publique, c'est un sujet d'inquiétude, ne serait-ce qu'en raison de la collusion des intérêts que cela sous-entend. Nous avons déjà pris des mesures dans le cadre du projet de loi de financement de la sécurité sociale pour dénoncer les projets de certaines branches de l'agroalimentaire, qui nous semblent peu compatibles avec les objectifs de santé publique.

Vous avez dit que votre finalité principale restait le malade ou le patient. N'est-il pas en train d'être supplanté par l'actionnaire ?

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