Intervention de éric Trappier

Réunion du 2 juin 2015 à 17h30
Commission de la défense nationale et des forces armées

éric Trappier, président du comité défense du Conseil des industries de défense, CIDEF, président-directeur général de Dassault Aviation :

Un budget de la défense représentant 4 % du PIB est une référence américaine. Au Royaume Uni, il avoisine 2 % ; en France, il est à 1,5 % mais est en baisse. D'autres pays, comme la Pologne, commencent à faire des efforts mais achètent beaucoup américain. Nous préférerions que l'Europe se mobilise pour acheter européen. Quitte à choquer, je n'ai pas peur d'affirmer qu'une Europe politique, si elle veut être souveraine, devrait favoriser des acquisitions de matériels européens et non américains.

Pour ce qui est du Rafale, si j'étais bon gestionnaire, je vous enverrais une facture. Je vous rappelle que les industriels ont autofinancé quelque 25 % du développement de cet avion. Cette part n'est pas amortie et passe par pertes et profits chez l'ensemble des industriels concernés. S'agissant de la courbe de décroissance, le prix d'un Rafale payé par l'armée de l'air, par la marine ou par l'export ne comprend pas d'amortissement de développement passé. En revanche, il peut comprendre du développement à venir – on fera ainsi payer des modifications demandées par un client.

Le prix d'un Rafale de la tranche 4 est beaucoup moins élevé que celui d'un Rafale de la tranche 3. La France a fait mieux que la fameuse courbe de Wright grâce à l'intégration massive – sur fonds propres – des outils du PLM, que nous utilisons pour le civil dans la compétition avec nos grands amis américains qui ont des coûts bien moindres que les nôtres, du fait du plus faible coût de la main-d'oeuvre et de taxes moins fortes. Sous l'effet de la décroissance naturelle de Wright et de celle liée à l'utilisation massive des outils du numérique, le prix du Rafale pour la défense française est tombé. Et il devrait se vérifier que le prix de chaque avion de la tranche 5 sera inférieur à celui des appareils de la tranche 4, cela alors même que nos cadences sont loin d'être infernales : le F35, aux États-Unis d'Amérique, est en train d'être produit à 4 000 ou 5 000 exemplaires alors que nous en sommes, nous, à quelques dizaines de Rafale.

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