Intervention de Arnaud Leroy

Réunion du 27 mai 2015 à 9h45
Commission du développement durable et de l'aménagement du territoire

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaArnaud Leroy :

Je pense très sincèrement, monsieur le président, que le travail mené par 2 °C II – que l'on a reçu plusieurs fois à l'Assemblée nationale, notamment au sein du groupe « changement climatique » – a contribué à cette évolution du groupe AXA. Celui-ci s'intéresse à la question climatique sous un aspect assurantiel, et voit dans le changement climatique un risque majeur, à terme, pour son activité.

Je suis ravi que l'on ait cette discussion aujourd'hui. C'est un peu la conclusion de M. Dupré sur la nouveauté du secteur financier, et sur ce que celui-ci peut apporter au débat climatique. En effet, pendant très longtemps, nous nous sommes focalisés sur les fameux 100 milliards du Fonds vert.

Je pense qu'au-delà des investissements en infrastructures énergétiques, il faut que le gouvernement se mette à l'écoute des convergences, et en tout cas des parcours parallèles de développement durable. L'investissement sera de plus en plus lié à l'adaptation au changement climatique : construction d'infrastructures capables de résister à des événements climatiques majeurs ; modification de la politique de l'eau dans les zones où l'on a financé pendant très longtemps la construction de puits, mais qui subissent aujourd'hui des sécheresses conséquentes.

Je n'ai pas de solutions, mais je crois qu'il faut réfléchir. Je rentre de New-York, où nous avons rencontré l'ensemble des ambassadeurs des pays francophones d'Afrique, notamment subsaharienne. La crainte est grande que la réunion d'Addis-Abeba de juillet ne soit un échec. Car un échec à Addis-Abeba menacerait de facto la réussite de la prochaine réunion de Paris. Le ministre, Laurent Fabius, lorsque nous avons discuté avec lui, se souciait de cette réussite et s'inquiétait de l'enchevêtrement des agendas.

Je crois aussi qu'il faut prendre en considération l'évolution des flux financiers. Dans votre présentation, vous n'avez pas abordé la question des flux Sud-Sud, qui concerne notamment la Chine, le Brésil, et la Russie quand elle le peut. La Chine souhaite la création d'une banque internationale qui viendrait concurrencer la Banque mondiale ou d'autres instruments qui luttent contre le changement climatiques. C'est un élément qu'il faudra prendre en considération.

Selon moi, il faudra tenir un discours de vérité sur la question du paiement différencié. Car c'est bien de cela que l'on parle, et l'accord sino-américain sur le climat montre que l'approche de la responsabilité différenciée a évolué. Les Brésiliens eux-mêmes, qui ont été très longtemps à l'origine de blocages, ont fait une proposition. Celle-ci vaut ce qu'elle vaut, mais cela prouve qu'ils ont ouvert la porte à la négociation.

Il y a encore beaucoup de travail, mais je suis optimiste. Je pense que l'on peut aboutir à Paris parce qu'il y a un besoin. De nouveaux alliés – notamment une partie du secteur financier et une partie du secteur industriel – se sont manifestés. Ils veulent que cela avance. Il faut dire – et répéter – que nous jouons notre survie. Il en va de l'avenir de la vie sur terre : les scénarios développés par le GIEC ne relèvent pas de la science-fiction !

En dernier lieu, je remarque que vous avez très peu mentionné le rôle de l'Union européenne dans ces négociations. Pouvez-vous nous en parler ? Par ailleurs, nous savons qu'il y a des problèmes budgétaires au niveau européen. Il fut un temps, on avait fléché 20 % de l'enveloppe 2014-2019 sur les changements climatiques. Pourra-t-on en récupérer une partie pour abonder, notamment, le Fonds vert ?

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