Intervention de Stéphane Demilly

Réunion du 27 mai 2015 à 9h45
Commission du développement durable et de l'aménagement du territoire

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaStéphane Demilly :

Messieurs, l'UDI vous remercie également pour vos interventions.

À quelques mois de la Conférence des Nations Unies sur le changement climatique et au lendemain du colloque Business and Climate qui s'est tenu la semaine dernière à l'Unesco à Paris, il était important que notre commission se réunisse pour échanger autour d'un sujet à la fois central et de crispation, à savoir le financement de la lutte contre le changement climatique.

Quand on sait que pour limiter le réchauffement de la planète à deux degrés, il faudrait, selon certains observateurs, investir 700 milliards de dollars de plus chaque année d'ici à 2030, on mesure l'ampleur du challenge.

Avant de venir à cette réunion, nous avons consulté quelque documentation, et aujourd'hui, nous avons entendu beaucoup de chiffres, notamment de la part de M. Voituriez. Mais il y a de quoi y perdre son latin ! Les chiffres sont tous très différents, avec des écarts parfois très impressionnants.

Ces remarques faites, je souhaiterais connaître l'avis de nos invités sur un certain nombre de points.

Premier point : le financement public. Les chiffres actualisés du FMI font état de 5 000 milliards d'euros d'accompagnement financier direct ou indirect aux énergies fossiles – ce que l'on appelle d'ailleurs abusivement des subventions – pour une bagatelle de près de 10 millions d'euros par minute ! Mais si l'ampleur de ces montants est impressionnante, ce n'est pas une découverte.

L'un des sujets importants abordés par la COP 21 sera le basculement des financements vers les énergies renouvelables. À peine une quarantaine de pays sur les 196 parties à la COP 21 ont, pour le moment, rendu publique leur contribution. Je suis conscient de la difficulté de l'exercice, notamment pour M. Antoine Michon, mais je serai très intéressé d'avoir un point d'étape à ce stade de la préparation de la Conférence de Paris.

Deuxième point : l'implication des entreprises et du monde de la finance. Le colloque Business and Climate auquel je faisais allusion a réuni plusieurs centaines de dirigeants d'entreprises, dont la moitié du CAC 40. Il s'est conclu par un Climate Finance Day, très prometteur pour l'avenir, ces acteurs ayant parfaitement compris que le développement économique était désormais étroitement lié au développement durable. En ces temps de croissance atone, il va de soi que l'innovation, l'investissement dans les énergies renouvelables, en d'autres termes la transformation de notre économie en une économie décarbonée, sont devenus des vecteurs de croissance.

Les énergies vertes représentaient dans le monde 7,7 millions d'emplois en 2014, soit une croissance de 18 % selon le dernier rapport annuel de l'Agence internationale pour les énergies renouvelables (IRENA ou International Renewable Energy Agency). Cette agence considère par ailleurs que le doublement du mix énergétique mondial à l'horizon 2030 conduirait à un total de 16 millions d'emplois dans le secteur du renouvelable.

D'un autre côté, l'investissement dans les énergies fossiles est désormais classé comme un facteur de risque financier par les banques et par les assurances. Plusieurs grands groupes se sont ainsi engagés à décarboner leurs activités et à se désinvestir des énergies fossiles pour investir parallèlement dans les énergies vertes. Le directeur général du groupe Caisse des dépôts, un des bras armés financiers de l'État, a déclaré s'engager dans cette voie.

Le rôle de l'État actionnaire est ici clairement en question, en raison notamment du soutien qu'il apporte au charbon, via des entreprises au capital desquelles la France participe. Il serait intéressant que M. Benoît Leguet, directeur de CDC Climat Recherche, puisse détailler pour nous les modalités de l'engagement pris par M. Pierre-René Lemas.

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