Intervention de Laurence Abeille

Réunion du 27 mai 2015 à 9h45
Commission du développement durable et de l'aménagement du territoire

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaLaurence Abeille :

Je pense qu'il était très important de tenir aujourd'hui ce débat, tellement les questions financières sont importantes en matière de lutte contre le changement climatique. Mais vos interventions ont suscité chez moi deux remarques et plusieurs questions.

Première remarque : dans un langage extrêmement compliqué, truffé de termes anglais, vous avez parlé de milliards de milliards de dollars. Des questions extrêmement importantes peuvent ainsi être abordées d'une manière que la plupart de nos concitoyens ne comprennent pas. Cela crée un fossé entre les uns et les autres. Pour moi, c'est un problème politique : de tels débats doivent pouvoir redescendre dans la société.

Deuxième remarque : vous avez fait la distinction entre le financement « dur » et financement « mou » et précisé que la finance climat n'allait pas vers la recherche et développement (R & D). Or, même si cela doit prendre beaucoup de temps et d'argent, il conviendrait de renforcer la R & D pour lutter de façon effective contre le changement climatique. Il ne faut pas se contenter de faire de l'adaptation, il faut être plus ambitieux. Cela nous redonnera peut-être l'espoir de sauver la planète.

J'aimerais donc que vous nous en disiez un peu plus sur le manque de financements en R & D, en insistant peut-être sur ses conséquences. On parle bien des milliards et des milliards de dollars qu'il faut investir. Mais a-t-on mesuré les milliards et les milliards de dollars que pourrait coûter l'inaction dans ce domaine, ou simplement l'adaptation ?

Vous avez déclaré que vous parleriez des énergies fossiles dans la suite du débat. Je pense en effet que nous sommes plusieurs à avoir des questions là-dessus. Évidemment, nous souhaitons faire basculer les financements consacrés aux énergies fossiles vers la transition énergétique. Mais je me méfie beaucoup du terme « décarboné ». Comme vous le savez sans doute, les écologistes préfèrent, de loin, que l'on utilise celui de « décarboné de façon durable ». En effet, on ne souhaite pas que les financements aillent vers l'énergie nucléaire, mais vers les énergies renouvelables et la transition énergétique.

Par ailleurs, je m'inquiète de tout ce que l'on dit à propos du Fonds vert pour le climat. Je souhaiterais que vous nous donniez quelques précisions. Comment faire pour que les sommes annoncées soient bien mises sur la table ? Il doit bien avoir des moyens de contraindre les pays à respecter les engagements qu'ils ont pris, et à alimenter ce fonds. Pourquoi, finalement, est-ce un échec ?

Je souhaiterais maintenant vous parler du plan Juncker et des critères d'écoconditionnalité – que l'on pourrait peut-être appeler critères de « climatoconditionnalité ». En effet, ne pourrait-on pas s'interroger, au-delà de ces critères, sur la pertinence d'une relance de la croissance, sachant que la recherche d'une croissance ininterrompue génère elle-même la dégradation de la planète ? Y avez-vous réfléchi ?

Enfin, j'irai très vite sur les taxes comportementales. Est-ce que la mise en place de telles taxes au niveau mondial ou au sein d'un bloc de pays serait une perspective envisageable à court ou moyen terme ?

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