Intervention de Patrice Carvalho

Réunion du 27 mai 2015 à 9h45
Commission du développement durable et de l'aménagement du territoire

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaPatrice Carvalho :

Comme notre collègue Leroy l'a fait remarquer, nous parlons aujourd'hui de l'avenir de la vie sur terre. 100 milliards avaient été prévus pour nous aider à agir. Comme on le constate aujourd'hui, on en est très loin ! Et j'ai bien peur que la COP de Paris, tout comme celle de Varsovie ou celle de Lima, ne se réduise à des effets d'annonce et n'ait qu'un intérêt politique pour le Gouvernement, dans un contexte d'élections régionales désastreuses. Tout cela est un peu compliqué, et je ne suis pas persuadé qu'il y ait derrière une vraie volonté de changer la situation et de limiter l'élévation de la température sur la planète.

Le seul moyen d'y parvenir serait de contraindre les pays à agir en ce sens. Inutile d'expliquer aux Chinois qu'il faut à tout prix investir sur l'environnement. D'ailleurs, nos propres industriels quittent la France pour installer leurs usines en Chine, en partie pour ne pas avoir à se mettre aux normes européennes et françaises en matière d'environnement. Il faut dire que dans la grosse industrie, la mise aux normes entraîne des investissements très importants.

Cela me conduit à vous faire cette remarque : il y de grands producteurs de bois en France, et nous savons gérer nos forêts. Or aujourd'hui, notre bois traverse la France et la Belgique pour aller à Anvers, puis en Chine et revenir en France. Quel exemple de développement durable ! Il suffirait de développer localement la filière bois et de vendre notre bois en France ou dans les autres pays d'Europe – qui sont quand même plus près.

Les exemples ne manquent pas : il est difficile de progresser en matière de développement durable. Vous ne convaincrez pas un industriel qu'il va gagner plus d'argent en investissant beaucoup plus pour des résultats obligatoirement plus faibles, même s'il le fait au nom de l'environnement. On voit bien comment se comportent la Chine, les États-Unis, l'Allemagne – que les Verts citaient en exemple – et la Pologne. Pensez au charbon allemand et polonais. En fin de compte, on fait l'inverse de ce qu'il faudrait.

Alors, oui pour le développement durable et pour les énergies renouvelables. Mais encore faut-il y mettre les moyens. On ne le fait pas pour la géothermie, ni pour l'énergie marémotrice, ni pour les éoliennes, etc. Tout cela montre qu'il n'y a pas beaucoup d'évolution dans ce domaine. Encore une fois, il faudrait exercer de fortes contraintes sur les industriels et sur les pays et, par exemple, refuser d'acheter en Chine si on n'a pas la garantie que ce n'est pas produit dans des conditions acceptables pour l'environnement. D'ailleurs, il en est des produits comme des humains : des gens meurent au travail dans des conditions lamentables, dans des pays qui exportent des vêtements de haut de gamme dans notre belle Europe. Il y a de quoi se poser des questions…

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