Intervention de Christian Lajoux

Réunion du 5 décembre 2012 à 16h00
Commission des affaires sociales

Christian Lajoux, président de Sanofi-Aventis France :

Vous m'avez interrogé sur la pertinence du plan de restructuration au regard des résultats du groupe et du montant des dividendes distribués. D'abord, les résultats d'aujourd'hui sont ceux du cycle de recherche et de production d'hier, qui nous a permis de commercialiser des produits à grand succès, qui font désormais l'objet de génériques. Les restructurations envisagées ont précisément pour but de nous permettre de générer des résultats comparables demain. Ensuite, les dividendes versés l'an dernier représentaient environ 3,5 milliards d'euros, alors que la recherche compte pour 4,8 milliards. L'enjeu de la recherche est de découvrir et de mettre au point des médicaments qui remplissent nos usines, afin d'honorer notre engagement de rapatrier des activités industrielles sur les sites français et de ne supprimer aucun emploi industriel. Voilà pourquoi cette réorganisation de notre recherche est indispensable.

On brandit souvent, tel un reproche, l'argument du crédit d'impôt recherche. Cette mesure – dont le coût total s'élève à quelque six milliards d'euros – constitue, certes, l'un des outils susceptibles d'aider l'industrie du médicament. Elle présente pourtant l'inconvénient de s'appliquer mécaniquement à des entreprises dont l'effort d'investissement est incomparable. Sanofi est le premier investisseur en recherche privée en France, et a l'intention de le rester ; or, la somme que nous percevons – 126 millions d'euros – ne constitue que 10 % de la part du crédit d'impôt recherche affecté à l'ensemble des sciences du vivant, alors que notre entreprise pèse pour près de la moitié des investissements dans ce domaine.

Je profite de ma présence à l'Assemblée nationale pour évoquer les mesures qui me semblent essentielles pour la compétitivité de l'industrie pharmaceutique et celle de Sanofi en particulier. Il faut en premier lieu assurer la lisibilité du market access et de l'évaluation. Le niveau de taxation ne doit pas être punitif, mais structurant – ce qui n'est actuellement pas le cas –, et les règles du jeu fiscal doivent être fixes et pérennes. Je salue enfin la déclaration du Premier ministre lors des quatrièmes rencontres internationales de recherche, appelant à en finir avec la suspicion permanente entre les industriels et les professionnels de la santé. M. Ayrault a également annoncé à cette occasion la tenue d'un Conseil stratégique des industries de santé (CSIS), et je remercie Mme la présidente de son soutien à cette initiative, susceptible d'améliorer le dialogue entre l'État et les industriels.

Monsieur Sébaoun, Sanofi a en effet pris tardivement le virage des biotechnologies, mais il faut reconnaître à l'ancienne équipe de direction le mérite d'avoir sauvé la recherche et la production de vaccins en France.

En ce qui concerne les visiteurs médicaux, la réduction de leurs effectifs n'est pas uniquement liée aux mesures prises dans le cadre du projet de loi de financement de la sécurité sociale, mais également à la montée en puissance – au demeurant nécessaire – des médicaments génériques. Mieux vaut donc éviter de fragiliser davantage encore cette profession.

Enfin, Sanofi suit avec attention les répercussions de ses restructurations sur les emplois indirects. Les collectivités territoriales nous demandent en effet d'assumer nos responsabilités par rapport aux risques de dévitalisation des régions concernées. Par ailleurs, l'installation des grands pôles Sanofi dans la région parisienne, à Strasbourg et à Lyon sera également génératrice d'emplois indirects, même s'il est impossible aujourd'hui de quantifier cet effet avec précision.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion