Intervention de Catherine Lemorton

Réunion du 5 décembre 2012 à 16h00
Commission des affaires sociales

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaCatherine Lemorton, présidente :

Je ne suis, pour ma part, toujours pas rassurée sur le caractère volontaire, à long terme, des départs. Les décisions de justice vous sont favorables car il ne s'agit aujourd'hui ni de licenciements boursiers ni de licenciements économiques, mais la pérennité des emplois ne me semble pas garantie. Dans trois ou quatre ans, les salariés encore éloignés de la retraite qui n'accepteront pas la mobilité, garderont-ils leur poste ?

J'ai également le sentiment que le rachat de Genzyme, mais également le départ de M. Déhecq et l'arrivée de M. Viehbacher, ont changé l'esprit de cette entreprise auparavant très franco-française. Le fait que le nouveau responsable scientifique soit basé au Massachusetts et non en France ne peut qu'inquiéter la représentation nationale, tout comme l'ancrage sur un site américain du développement du Lemtrada pour le traitement de la sclérose en plaques et de la recherche sur les maladies rares.

Vous dites avoir maintenu le nombre de salariés ; mais avez-vous tenu compte de ceux de Merial, dont l'intégration peut être à l'origine d'un niveau artificiellement constant des effectifs ?

Je finirai sur une note positive. À la suite de nos discussions avec le Premier ministre, le Conseil stratégique des industries de santé (CSIS), que les précédents gouvernements avaient l'habitude d'organiser soit en période de crise, soit à quelques jours de l'examen du projet de loi de financement de la sécurité sociale, aura lieu désormais très en amont, afin de nous permettre de disposer à temps de tous les éléments nécessaires.

Je fais partie des harceleurs de l'industrie pharmaceutique, et j'assume d'en avoir renforcé la taxation. Monsieur Lajoux, vous venez de céder la place de président du syndicat des entreprises du médicament (LEEM) à M. Gisserot de GlaxoSmithKline ; mon propos s'adresse donc, au-delà de Sanofi, à l'ensemble de la branche. Je comprends votre difficulté à comprendre cette fiscalité complexe ; mais vous vous êtes, de votre côté, toujours engouffrés dans les interstices qui vous ont été laissés. Je vous renvoie donc à vos propres responsabilités.

Votre association avec Coca-Cola nous donne d'ailleurs une idée de nouvelle taxe, pour le projet de loi de financement de la sécurité sociale de l'année prochaine, sur les produits portant mention d'allégations de santé, qui seront vendus dans les supermarchés. Vous avez minimisé ici ce partenariat, mais même s'il est marginal, il représente un mauvais signe au regard de la santé publique. Peut-on à la fois soigner des patients et s'associer avec des sociétés qui les rendent obèses et diabétiques ?

Le CSIS se réunira régulièrement, et nous comptons sur vous pour maintenir les emplois en France. Les doutes que nous avons émis reflètent ceux de vos salariés, car si nous sommes vos représentants, nous sommes également les leurs. Nous sommes fiers de Sanofi, et au nom de toute la représentation nationale, je souhaite que ce drapeau flotte encore sur tous les sites où vous êtes installés, voire sur d'autres encore.

Je vous remercie, messieurs, de vous être prêtés à cet échange fort intéressant.

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