Je me félicite globalement des résultats des travaux de la commission et je note que l'esprit de consensus dans lequel il avait été décidé de travailler a été largement respecté, à l'exception peut-être de votre avant-propos, monsieur le président. En effet, vous y écrivez, aux pages 9 et 10, que le Gouvernement actuel n'a pas lutté efficacement contre le terrorisme avant les événements tragiques de janvier 2015 ; vous incriminez l'ancienne opposition qui n'avait pas soutenu, le 11 avril 2012, le projet de loi porté par le Premier ministre d'alors, M. François Fillon, et vous écrivez que « la France a perdu plusieurs années en matière antiterroriste ». Avez-vous mesuré, mon cher collègue, ce que nous avons perdu dans l'arrêt brutal de la police de proximité ? La responsabilité de la majorité d'alors est immense, car, pendant dix ans, nous avons été privés, avec la disparition de l'îlotage, d'informations sur les quartiers sensibles ; nous n'avons ainsi pas pu encadrer des populations qui ont dérivé vers des phénomènes pathologiques et sectaires. Si votre avant-propos restait en l'état, je ne manquerais pas de pointer l'attitude irresponsable qui a conduit à supprimer brutalement la police de proximité. On ne pouvait pas prévoir à l'époque à quel point cet instrument serait utile dans la lutte contre les petite et grande délinquances, poreuses avec le terrorisme, mais il y avait plus d'anticipation dans l'esprit des concepteurs de la police de proximité que chez ceux qui y ont mis fin.
En accord avec les propos de notre collègue Jacques Myard, il me semble que nous mésestimons les effets des contradictions de notre diplomatie. Il est écrit, à la page 32 du rapport, que la commission se trouve en accord avec les propos tenus par M. Laurent Fabius, ministre des Affaires étrangères et du développement international ; tel n'est pas mon cas : nous avons changé de diplomatie il y a dix ans, et la malheureuse opération libyenne, montée par MM. Nicolas Sarkozy et David Cameron avec le soutien du ministre des Affaires étrangères de l'époque, M. Alain Juppé, et allant au-delà du mandat donné par l'Organisation des nations unies (ONU), a conduit à l'éclatement de la Libye. Aujourd'hui, les armes et les groupes terroristes sont disséminés, et nous avons dû, à juste titre, intervenir au Mali et en Centrafrique. Je regrette en outre que nous n'ayons pas parlé plus tôt à la Syrie, car si nous n'avions pas lutté nous-mêmes contre les premiers accords de Genève il y a deux ans, nous aurions épargné beaucoup de vies humaines ; dans la situation actuelle, ces morts nous conduisent à refuser de dialoguer avec un régime qui en est responsable. Je souligne donc l'écart qui me sépare de la diplomatie française depuis une dizaine d'années.
S'agissant du renseignement pénitentiaire, je n'ai rien lu dans le rapport qui me choque.