Intervention de Barbara Pompili

Réunion du 5 décembre 2012 à 9h30
Commission des affaires culturelles et de l'éducation

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaBarbara Pompili :

La formation des enseignants est le pivot de la réforme à venir. Or nous sommes nombreux à juger que la formation continue est délaissée au profit de la formation initiale. C'est une grave erreur : il faut donner aux enseignants des perspectives sur le long terme, notamment en termes d'évolution de carrière.

La place du concours d'accès au métier d'enseignant pose problème. Il est aujourd'hui organisé en fin de master. Or il est important que les futurs professeurs soient confrontés à des classes au cours de leur formation, ce qui passe par l'alternance. Ne serait-il pas préférable de placer ce concours après la licence, ou d'organiser les épreuves d'admissibilité en fin de licence et les épreuves d'admission en fin de première année de master ? On éviterait ainsi que cette première année de master ne se résume à une préparation au concours, ce qui n'a pas un grand intérêt du point de vue pédagogique.

En ce qui concerne les rythmes scolaires, sur lesquels les débats autour de la réforme de l'école se sont focalisés de manière excessive, il est dommage que l'on ait renoncé à toucher à la durée des vacances. Le nombre de semaines de travail est en effet trop faible, alors même que les journées d'école sont trop chargées. Mais cette question en masque une autre, plus importante : celle de l'articulation entre temps scolaire et périscolaire. Le travail sur les projets éducatifs locaux mériterait d'être approfondi, car cela permettrait d'associer tous les acteurs concernés, dont les collectivités et les parents. Ces derniers, aujourd'hui, ne sont pas suffisamment associés à l'éducation des enfants. Un fossé se creuse ainsi entre les familles et l'éducation nationale. Il faut parvenir à le combler.

Toutes les collectivités n'auront pas nécessairement les moyens de proposer une organisation satisfaisante du temps périscolaire : il faut donc prévoir une péréquation.

Il faut également « remettre à plat » la pédagogie et la recentrer sur l'enfant, ce qui implique de revoir la question des devoirs, l'usage de la notation ou la place des cours magistraux. Pour éviter l'échec, les travaux en petits groupes sont en effet plus efficaces. Le principe « plus de maîtres que de classe » est un premier pas vers le renforcement de l'encadrement, mais il faudrait aller plus loin.

S'agissant des programmes, nous devons éviter l'empilement des connaissances et privilégier un enseignement plus transversal. Le ministre s'y est d'ailleurs engagé. Mais la transversalité ne doit pas concerner seulement l'école primaire, elle doit servir à mieux articuler la maternelle et l'école élémentaire, puis l'école élémentaire et le collège.

Je partage l'idée selon laquelle l'enseignement en maternelle doit faire l'objet d'une formation spécifique. L'école maternelle ne fonctionne pas si bien que cela, et nous n'avons pas suffisamment réfléchi à son rôle. Il serait intéressant à cet égard d'approfondir la notion d'« école première » sur laquelle travaille Philippe Meirieu.

Je note au passage que les enfants de moins de trois ans ne sont pas pris en compte dans les effectifs retenus pour l'élaboration de la carte scolaire, ce qui peut entraîner, dans certaines écoles, la fermeture de classes comptant pourtant le nombre d'élève requis.

Enfin, j'insiste sur la nécessité de ne pas séparer la réflexion sur l'enseignement primaire de la réflexion sur la constitution d'un service public de la petite enfance.

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