Intervention de Annie Genevard

Réunion du 5 décembre 2012 à 9h30
Commission des affaires culturelles et de l'éducation

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaAnnie Genevard :

L'échec scolaire est le cancer de notre système éducatif : 40 % des élèves quittent l'école primaire avec des bases trop fragiles, 15 à 20 % d'entre eux étant quasiment illettrés et destinés à le rester. Pourtant, la question de l'échec scolaire est au centre de toutes les politiques publiques mises en oeuvre au cours des dernières décennies. L'échec de la lutte contre la grande difficulté scolaire est patent et ses conséquences, tant individuelles que sociales, sont terribles. Il est commode politiquement et facile intellectuellement d'y voir le résultat de l'incompétence des uns ou des autres au gré des alternances. Vous témoignez, messieurs, du fait que les choses sont beaucoup plus complexes.

Plutôt que d'en faire un problème de moyens – les chiffres sont implacables : en douze ans, le nombre des enseignants a crû de 33 000, celui des élèves a diminué de 540 000 –, il convient de s'interroger sur la répartition de ces moyens entre le premier degré et le secondaire. Ce point fait aujourd'hui consensus. Mais ce qui est troublant, voire désespérant, c'est l'incapacité, en dépit de ce constat partagé, à infléchir le cours des choses. Face à la moindre réforme à peine envisagée se dresse l'armée de ceux qui veulent que rien ne bouge, souvent au sein de votre électorat, chers collègues socialistes, et jusqu'au coeur de l'institution elle-même. L'objectif « plus de maîtres que de classes », qui semble le seul à faire consensus parmi vous, est-il la bonne réponse ? Soixante mille enseignants supplémentaires, cela représente une dépense de 120 milliards d'euros, retraites comprises. Demander un effort aussi considérable à la nation serait immoral sans la certitude absolue que cela mettra fin à l'échec scolaire. Une augmentation des moyens garantit-il plus de réussite scolaire si on ne s'interroge pas sur l'efficacité de ces moyens ?

Nos invités pensent-ils que le système scolaire, tel qu'ils l'ont décrit avec sévérité, est à même d'opérer la révolution culturelle qui lui permettrait de résoudre le problème de l'échec scolaire ? Pourquoi l'expérience grenobloise PARLER de prévention de l'illettrisme, menée par Michel Zorman, ne fait-elle pas école en dépit de sa réussite avérée ?

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