Je vous remercie pour vos explications, qui m'ont beaucoup intéressé.
Vous établissez un lien entre l'emploi, la délinquance et la radicalisation. Or de nombreuses études sociologiques ont montré que la délinquance n'était pas corrélée au chômage. C'est même parfois tout le contraire : aux États-Unis, la délinquance n'a jamais été aussi faible que pendant la Grande Dépression des années 1930. M. Lionel Jospin lui-même a reconnu que le fait de lier le chômage et la délinquance avait été une erreur – je le rappelle sans esprit polémique. Donc, n'affirmons pas qu'il n'y aura plus de radicalisation le jour où il y aura de l'emploi. Si les choses étaient aussi simples, cela nous aurait tous inspirés.
À l'instar de beaucoup d'entre nous, vous avez évoqué la « surpopulation carcérale ». Or, sous le contrôle de notre collègue Joaquim Pueyo, cette expression est impropre : nous devrions tous parler de « sous-équipement carcéral ». De la même manière, nous n'employons jamais l'expression « surpopulation médicale », mais celle de « sous-équipement médical ».
Je retiens l'une de vos propositions : celle qui concerne le repentir actif. Selon vous, il convient d'accueillir les « déconvertis » ou les « djihadistes repentis » autrement que nous le faisons actuellement, notamment en leur donnant la parole. Je suggère que notre commission d'enquête réfléchisse à une proposition en matière de repentir actif, par exemple à la possibilité d'atténuer les peines lorsque la personne reconnaît et explique ses actes.
Vous avez estimé le nombre de détenus musulmans dans les prisons à 50 %. Ce chiffre très élevé, qui a été repris par note collègue Guillaume Larrivé dans un rapport, a été néanmoins très critiqué, car il provient d'une étude non pas statistique, mais purement sociologique. Cette étude est-elle vraiment fiable ? Quel crédit peut-on accorder à cette estimation ? Vous précisez que vous n'êtes pas contredit par M.Delarue, qui a avancé le chiffre de 40 %. Pour sa part, la garde des sceaux s'en tient à la seule statistique officielle, c'est-à-dire au nombre de détenus qui déclarent observer le ramadan, lequel serait de l'ordre de 18 %. En outre, la directrice de l'administration pénitentiaire nous a fait remarquer très justement hier que la proportion de détenus musulmans variait sensiblement d'un établissement pénitentiaire à l'autre.