Le recours croissant aux aumôniers musulmans dans les prisons peut-il avoir un impact positif, notamment pour détecter et accompagner les populations les plus vulnérables ? Quel doit être le profil de ces aumôniers ? Selon quelles modalités faut-il les recruter ? Actuellement, leur recrutement doit être autorisé par le CFCM. Or cette institution est traversée par de nombreux courants, et vous avez vous-même souligné le discrédit qui la frappait.
Vous avez évoqué à juste titre la diversification du djihadisme, notamment le fait qu'il puise désormais une partie de ses forces dans les classes moyennes. Or n'y a-t-il pas là, paradoxalement, une lueur d'espoir ? En effet, les jeunes qui se rendent sur les théâtres de guerre pour défendre de grandes causes humanitaires peuvent se rendre compte du hiatus avec la réalité et se poser, à leur retour, un certain nombre de questions sur le bien-fondé de leur démarche. Cette forme récente de djihadisme n'est-elle pas plus facile à traiter, à terme, par la société ?
Pour ce qui est du djihadisme très violent issu notamment des banlieues, n'y a-t-il pas là une « génération perdue » – j'emploie volontairement des termes provocateurs ? Que pensez-vous des expériences menées à l'étranger, notamment au Danemark et au Royaume-Uni, en matière de déradicalisation des personnes les plus exposées et les plus violentes ? Selon vous, quelles voies la déradicalisation devrait-elle emprunter en France ? Quel type de programme serait le plus pertinent et le plus efficace ?