J'ai apprécié vos propos mesurés et vos analyses intéressantes sur les quartiers dédiés et la prise en charge individualisée de certains détenus.
Il faudra nous entendre sur le vocabulaire, car le terme de radicaux peut recouvrir des réalités très différentes.
S'agissant des quartiers dédiés, vous devez connaître l'expérience italienne du régime de détention prévu par l'article 41 bis de la loi pénitentiaire en vertu duquel les détenus mafieux sont isolés pour ne pas influencer les autres personnes emprisonnées. À l'heure où l'interrogation se fait jour pour les quartiers dédiés, il est important de rappeler que cette mesure a été validée par la Cour européenne des droits de l'homme. Que pensez-vous de cette expérience italienne qui se rapproche de ce que nous envisageons ? J'ai noté que la CFDT était plus mesurée sur la mise à l'écart des détenus radicaux susceptibles d'influencer les plus fragiles.
Les personnels pénitentiaires dans la vie quotidienne doivent être attentifs au phénomène de radicalisation. Mais tous les intervenants – personnels du service pénitentiaire d'insertion et de probation, enseignants, services médicaux – vont-ils jouer un rôle en matière de renseignement ? Une activité culturelle peut être l'occasion de se rendre compte qu'un détenu est en voie de radicalisation. Le renseignement ne relève pas seulement du gardien d'étage. Avez-vous rencontré les organisations syndicales représentant ces intervenants pour évoquer ce sujet ?
Je refuse comme vous d'assimiler radicalisation et prison. Ceux qui tiennent ce discours sont les mêmes qui voient dans la prison l'école de la récidive. Or nombre des détenus primo-entrants sont déjà récidivistes. Il faut se départir de schémas un peu simples.
Vous avez dit à juste titre que les quartiers dédiés existent déjà, dans deux cas par exemple : pour les détenus ayant des profils dangereux pour l'ordre public et pour les plus vulnérables.