Vous faites référence à un régime différencié. Vous avez raison de souligner que les personnes entrant en prison ont déjà eu affaire de nombreuses fois à la justice. La récidive n'est pas nécessairement liée à l'incarcération.
L'article 41 bis est une expérience intéressante dont nous pourrions tirer des leçons pour notre pays. Certains établissements seraient beaucoup plus adaptés pour créer des quartiers réservés aux personnes très difficiles à désendoctriner et qui peuvent être très dangereuses. Je pense par exemple à celui de Condé-sur-Sarthe, ainsi qu'à celui, à venir, de Vendin-le-Vieil.
Aujourd'hui, les personnes les plus dangereuses et les plus connues sont déjà isolées dans les établissements – elles ont très peu de contacts avec les autres détenus, ne participent pas aux activités collectives. Il existe un régime adapté aux détenus médiatiques de par les crimes commis, notamment les terroristes qui reviennent dans notre pays. L'établissement que je dirige compte 4 détenus gérés à l'isolement, sur un groupe de 25 détenus, alors que 1 000 personnes y sont incarcérées.
Dans les quartiers dédiés qui pourraient naître en région parisienne – car l'Île-de-France concentre beaucoup de détenus potentiellement concernés par cette mesure –, l'idée est aussi de mettre en place des programmes qui comprennent notamment une évaluation fine de la personnalité du détenu afin d'identifier les leviers éventuels et de s'adapter aux profils. L'inspiration est donc différente de l'article 41 bis. Il faut aussi tirer les enseignements de l'histoire et ne pas retomber dans les excès des quartiers de haute sécurité ; cette solution ne serait alors pas cautionnée par la CEDH.