Intervention de Isabelle Gorce

Réunion du 9 février 2015 à 14h30
Commission d'enquête sur la surveillance des filières et des individus djihadistes

Isabelle Gorce, directrice de l'administration pénitentiaire :

Nous vous communiquerons bien entendu ces chiffres. En matière de formation, nous souhaitons renforcer la sensibilisation du personnel aux questions de la radicalisation. Ces formations peuvent se dérouler sur deux jours en service déconcentré, sur place ou par regroupement de personnels. Nous ne ferons pas de nos 24 000 surveillants de grands spécialistes du sujet. Ce qui importe, c'est qu'ils soient formés pour faire la part des choses entre ce qui relève de la réalité et ce qui n'en relève pas. Il n'est pas question d'assimiler à des radicaux dangereux tous les détenus qui se déclarent fondamentalistes, ce serait dangereux pour tout le monde. Il est absolument nécessaire de sensibiliser les surveillants à la question des diverses tendances au sein de l'islam, à la différence entre un salafiste quiétiste et un salafiste djihadiste. Ils doivent être en mesure de détecter dans le comportement des détenus ce qui doit nous inquiéter et ce qui ne le doit pas. Nous n'avons pas la prétention d'imaginer que l'ensemble de notre personnel sera finement sensibilisé à court terme. Cela réclame un travail de long terme de formation continue que nous développerons dans les mois qui viennent.

Nous avons noué des contacts avec le Comité interministériel de prévention de la délinquance (CIPD). De nombreuses préfectures nous associent désormais aux programmes de formation mis en place par le ministère de l'Intérieur en direction des fonctionnaires. Nous-mêmes, soit au sein de l'École nationale d'administration pénitentiaire, soit au sein de nos services déconcentrés, souhaitons que nos personnels soient plus finement sensibilisés. Nous commencerons dès cette année par la direction interrégionale de Paris, qui est la première concernée par ce sujet.

S'agissant des prérogatives des directeurs des services pénitentiaires, je rappellerai qu'ils peuvent prendre des décisions de suspension de permis de visite lorsque le comportement des visiteurs pose problème. Néanmoins, ce sont des décisions qui font grief, elles doivent être motivées et reposer sur des faits objectifs car elles sont susceptibles de donner lieu à contestation. Cela dit, je considère que la question de l'extension de leurs pouvoirs ne se pose pas. J'estime plus important de travailler à sensibiliser le personnel au repérage des comportements problématiques, qu'il s'agisse des visiteurs ou des intervenants extérieurs.

2 commentaires :

Le 13/07/2015 à 13:55, laïc a dit :

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"Il est absolument nécessaire de sensibiliser les surveillants à la question des diverses tendances au sein de l'islam, à la différence entre un salafiste quiétiste et un salafiste djihadiste."

La laïcité s'applique jusque dans les prisons, et on ne voit donc pas pourquoi il faudrait former les surveillants à l'islam, leur en faire connaître les différentes tendances, etc... On entre là dans le domaine de la connaissance obligée du religieux par le fonctionnaire, ce qui est interdit dans un Etat laïc qui ne reconnaît pas les cultes, et donc les tendances de ces religions.

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Le 01/04/2016 à 12:20, laïc a dit :

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En plus un salafisme quiétiste, ça n'a pas de sens, c'est juste un salafisme qui n'est pas encore entré en action.

Vous trouvez ce commentaire constructif : non neutre oui

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