Autant en Angleterre, où la société repose sur des bases communautaristes, il était possible de passer à côté du développement de l'intégrisme, autant notre système de citoyenneté aurait dû nous prémunir contre lui et nous permettre de mieux saper son autorité. Malheureusement, nous n'avons pas su identifier les germes du radicalisme. À force de discours confus sur la laïcité et d'amalgames entre musulmans et intégristes, nous avons abouti à une gestion du fait musulman, tantôt discriminante, tantôt laxiste, laissant, dans l'entre deux, toute latitude aux radicaux pour se faire passer pour de simples musulmans orthodoxes. Cela leur permet de tirer tout le profit de la liberté de conscience attachée au principe de laïcité qui fonde notre société.
Si leur succès est plus grand en métropole qu'à Mayotte, c'est que, dans les familles issues de l'immigration maghrébine, agnostiques, athées ou non pratiquantes, la transmission des valeurs de l'islam s'est mal faite. Il ne s'agit évidemment pas de renforcer le poids de la religion mais de mieux distinguer ce qui relève du fait religieux de ce qui participe d'une dérive radicale. Or, sur ce point, le débat public dans notre pays n'a pas fait ses preuves, notamment depuis dix ans.