Nous sommes incapables de dire aujourd'hui combien nos prisons comptent de musulmans, de catholiques ou de protestants. Lorsque le détenu arrive, il peut déclarer une religion, mais nous ne pouvons pas vous donner de chiffres exacts, comme d'ailleurs pour les détenus radicalisés dans les prisons. On a l'impression parfois que nos prisons sont entièrement radicalisées : c'est certes un phénomène qui existe, bien sûr, mais je ne pense pas que cela concerne des milliers de détenus.
Je voudrais revenir sur le repérage et le regroupement de ces personnes radicalisées. J'ai connu les quartiers de haute sécurité : s'ils ne fonctionnaient pas – et on a fini par les fermer – c'est parce que personne, ni le juge d'application des peines, ni le directeur de la prison, ne voulait prendre la responsabilité d'en sortir un détenu pour le remettre dans le circuit classique, de peur qu'il ne s'évade. Les détenus croupissaient donc dans les QHS. L'UFAP n'a pas aujourd'hui de jugement tranché sur l'opportunité de regrouper les détenus radicalisés : nous manquons de recul, je l'ai dit. Je redis que nous avons l'expérience des détenus du GIA – qui, s'ils n'étaient pas extrêmement nombreux, étaient tout de même une vingtaine à Bois-d'Arcy. Si regroupement il doit y avoir, il faut établir une étanchéité réelle, ce qui n'est absolument pas le cas à Fresnes aujourd'hui : les détenus radicalisés peuvent par exemple se rendre à la salle de musculation, un par un ou deux par deux, mais en même temps que les autres.
Je n'écarte pas l'hypothèse d'un établissement spécialisé, mais il faudra nous donner les moyens de le gérer. De plus, il faudra prévoir le moment, inévitable, où ces détenus rejoindront le circuit normal.