Intervention de Olivier Duha

Réunion du 29 novembre 2012 à 10h30
Mission d'information sur les coûts de production en france

Olivier Duha, président de CroissancePlus :

Nous devons moderniser notre droit du travail afin de rendre les entreprises plus agiles, tout en ayant le souci de protéger nos salariés. Cessons donc de penser qu'un accroissement de la flexibilité se fera à leur détriment, comme le prétendent les organisations syndicales. Dans les pays d'Europe du Nord, les chefs d'entreprise et les syndicats ne sont pas en opposition. La mise en place d'un contrat de travail unique assorti de droits progressifs et d'un barème d'indemnités de chômage tenu à jour sur le fondement de critères sociaux et d'ancienneté permettrait aux entrepreneurs de bénéficier de plus de souplesse tout en assurant la protection des salariés. Le contrat à durée déterminée et le contrat d'intérim ont désormais pris trop d'importance et une telle précarité nuit à notre société.

Lorsqu'une entreprise va bien, il relève de la responsabilité du chef d'entreprise d'assurer « l'employabilité » de ses salariés en investissant dans leur formation. Un tel investissement permet à celui-ci d'anticiper d'éventuelles difficultés nécessitant des allègements de structure et confère aux salariés formés une véritable capacité de rebond. Mais en période difficile, l'État doit aider les entreprises à être plus réactives. En France, le système fonctionne à l'envers : lorsque la situation est favorable, les collectivités apportent des aides aux entreprises pour les attirer sur leur territoire. Ces aides financières sont disproportionnées et inutiles dans la mesure où une entreprise qui embauche est en bonne santé. En revanche, lorsqu'une entreprise va mal, le système est extrêmement lourd, pénalisant et coûteux. Inversons ce système. Un chef d'entreprise ne licencie jamais par plaisir mais uniquement parce que son entreprise va mal.

Enfin, la France ne parviendra pas à retrouver l'élan de compétitivité attendu si le niveau actuel de nos dépenses publiques n'est pas ramené à celui du reste de la zone euro – dont il s'est fortement éloigné : ce niveau nous empêche de diminuer durablement la pression fiscale pesant sur le travail, les ménages et les entreprises. Lors de sa conférence de presse, le chef de l'État a rappelé que nos dépenses publiques ont augmenté en quelques années de 5 % de PIB, passant de 52 à 57 %. Pour autant, les services publics de santé, d'éducation et de défense ne sont pas meilleurs qu'auparavant. La France doit vivre et faire vivre ses fonctions régaliennes avec un niveau de dépenses comparable à celui de nos voisins : en Allemagne, il est inférieur de 8 points, c'est-à-dire de 170 milliards d'euros. Or les Allemands sont 25 millions de plus que les Français et ne sont ni moins bien soignés ni moins bien protégés. Le niveau structurel de notre dépense publique irradie toute notre économie.

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