La question du voile fait partie de toutes les dérives qui ont accompagné la montée de l'intégrisme musulman et la politisation de l'islam – appelons-la par son nom. Celle-ci s'est manifestée dans le monde partout où le printemps arabe, qui aurait dû être un printemps islamique, a libéré des populations qui ont voulu faire cet effort. Chez nous, le problème n'est pas simple. Il ne faut surtout pas croire que la volonté législative suffira. On a voté des lois sur la burqa mais leur application est complexe. Ce problème doit être pris très au sérieux. J'exhorte mes amis, mes contemporains, les autorités à nous aider, car nous n'aimons pas vivre dans un monde moderne avec des séquelles du passé, des archaïsmes qui ne conviennent en rien à la tradition du pays. Mais ce sera un gros effort. Il ne faudra minimiser en rien l'engagement que cela supposera : ce sera une véritable bataille politique ; nous aurons contre nous, l'État aura contre lui les comportements établis, les habitudes prises, des femmes qui protesteront que l'on porte atteinte à leur libre choix, à leur volonté, à leur liberté religieuse, etc. La situation est devenue très complexe et risquée. Il faudrait un courage, une volonté dont je ne sais s'ils sont encore possibles pour aborder véritablement le fin mot de cette histoire : la réforme, une réforme en profondeur qui nous fera passer de l'âge de la théologie à celui de l'explication, d'une causalité qui ne sera plus celle dont parlait Auguste Comte, mais celle de la raison. C'est un combat gigantesque, un combat de société.
Avec l'ambassadeur de Grande-Bretagne, que j'ai vu hier, nous avons l'intention de créer un conseil des musulmans d'Europe. Peut-être le Gouvernement pourrait-il nous y aider. Les Anglais sont tout à fait d'accord.