Intervention de Olivier Duha

Réunion du 29 novembre 2012 à 10h30
Mission d'information sur les coûts de production en france

Olivier Duha, président de CroissancePlus :

Le passage de l'intensité concurrentielle, vertueuse lorsqu'elle incite à l'innovation, au « very low cost » – facteur d'appauvrissement pour une filière – a toujours un impact dévastateur : l'introduction d'un quatrième opérateur dans la filière des télécommunications a induit une destruction de marges très importante, bien supérieure à celle qu'avaient anticipée les opérateurs historiques, contraints de réduire leurs coûts de production par un recours exacerbé à l'informatisation, à l'automatisation, à la robotisation et aux délocalisations.

Dans ma filière, l'effet fut immédiat. Certaines activités ont été arrêtées, les opérateurs ayant mis fin à leurs relations client pour certains forfaits sans engagement, le consommateur étant renvoyé aux forums de discussion en ligne en cas de problème. Certaines activités ont effectivement été délocalisées afin de fournir le même niveau de qualité à moindre coût. Enfin, la relation au client s'est déshumanisée avec le remplacement de l'homme par la machine et la mise en place de serveurs vocaux interactifs et d'automates, plus dangereuse encore que les délocalisations. Depuis neuf mois, la filière des télécommunications a perdu entre 20 et 25 % de ses effectifs en France, soit 7 000 à 8 000 emplois.

L'une des huit commissions de CroissancePlus est chargée d'identifier les meilleures pratiques de la zone euro en matière de relations entre les grands groupes et les PME, afin de faire évoluer la culture et le mode de fonctionnement des grands groupes. L'exemple des délais de paiement illustre le peu de cas que ceux-ci font de la préservation du tissu de leurs sous-traitants et de la qualité de leurs fournisseurs. Et, lorsqu'il s'agit de faire des choix, les grands groupes n'ont pas le réflexe du patriotisme économique. Ce n'est pas du protectionnisme pour le directeur des achats d'un groupe français que de privilégier, à coût et à qualité équivalents, les PME françaises. Nos concurrents allemands, américains et chinois le font.

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