En dépit des annonces du Gouvernement, la suppression des sections bilangues entraînerait une baisse inéluctable du nombre de jeunes Français apprenant l’allemand, en même temps qu’une baisse de niveau de ceux qui continueraient de l’apprendre.
Malgré la fixation d’objectifs ambitieux aux recteurs sur l’apprentissage de l’allemand dès le cours préparatoire, le choix des familles, madame la ministre, ne se décrète pas. D’ailleurs, 95 % des petits élèves en primaire commencent par l’apprentissage de l’anglais, ce qui correspond à la demande des familles qui souhaitent que leurs enfants n’attendent pas le collège pour débuter cet apprentissage – apprentissage qui reste d’ailleurs, vous le savez, d’une qualité fort discutable. L’allemand est donc très peu enseigné dans l’école primaire, sauf en zone frontalière, dans les académies de Strasbourg et de Nancy.
Madame la ministre, vous affirmez aussi que l’apprentissage de la langue vivante 2, dès la cinquième, serait en quelque sorte « la classe bilangue pour tous ». En réalité, cet égalitarisme affiché aboutirait à pénaliser l’ensemble des élèves !
D’une part, pour ceux qui sont en sections bilangues, pour ceux ayant le plus d’appétence pour les langues vivantes, on supprimerait 162 heures d’allemand en cumulé sur l’ensemble de la scolarité au collège, soit 40 % d’enseignement en moins.
D’autre part, pour les collégiens qui sont en difficulté dans les matières fondamentales, la réforme reviendrait à leur imposer dès la cinquième une deuxième langue vivante et cinquante-quatre heures de cours supplémentaires. Ce temps, à l’évidence, ne serait-il pas mieux utilisé à conforter leurs connaissances des fondamentaux en français ou en mathématiques ?