Mesdames, messieurs les députés, l’amitié entre la France et son premier partenaire, l’Allemagne, se nourrit, vous l’avez dit, de liens culturels profonds, d’intérêts politiques et économiques partagés, et nous avons pleinement conscience de l’immense responsabilité qui est la nôtre dans la construction d’une Europe forte et à la hauteur des valeurs qu’elle porte dans le monde.
À l’heure où le tandem franco-allemand est appelé à jouer un rôle de plus en plus important sur la scène mondiale et alors que les échanges économiques ne feront que s’intensifier entre nos deux pays, il est en effet essentiel de renforcer la place de la langue allemande dans la formation des élèves français qui, de manière plus générale, ont besoin de s’ouvrir davantage aux langues vivantes pour s’ouvrir au monde et à ses opportunités, quel que soit le métier qu’ils exerceront plus tard.
C’est pourquoi j’ai décidé de conduire et de structurer pour le long terme – c’est inédit – une politique volontariste et pilotée au niveau national de développement des langues vivantes sur tout le territoire français, et notamment de l’allemand. Sans rien sacrifier aux exigences, au contraire en les rehaussant, nous voulons ouvrir l’acquisition de l’allemand à un nombre toujours plus grand d’élèves. Quand on est attaché au développement de la langue allemande, ce qui doit d’abord nous préoccuper, c’est le nombre d’élèves qui y ont accès plutôt que la concentration du nombre d’heures offertes à quelques-uns d’entre eux.
L’amélioration des compétences en langues vivantes étrangères des élèves français devrait faire consensus entre nous. Elle devrait nous réunir ; elle est en tout cas une de nos priorités, non seulement parce que les langues vivantes étrangères tiennent une place fondamentale dans la construction de la citoyenneté, dans l’enrichissement de la personnalité de ces jeunes, dans leur ouverture au monde, mais aussi parce que ces langues vivantes étrangères sont un atout dans l’insertion professionnelle des jeunes, en France comme à l’étranger.
J’en viens donc aux mesures adoptées par le Gouvernement. S’agissant de la langue vivante 1, l’introduction de son apprentissage est prévue dès le CP à partir de la rentrée 2016, tout en maintenant les horaires au collège. Contrairement à certaines rumeurs que j’ai pu entendre ici ou là, il n’est nullement porté atteinte aux horaires de la langue vivante 1. En d’autres termes, les enfants seront exposés plus précocement à la langue vivante 1, plus longtemps, sans que soit jamais remis en cause le nombre d’heures auquel ils ont droit au collège.
Cette nouvelle donne pour la langue vivante 1 permettra de faciliter son acquisition. Surtout, elle s’accompagne de la mise en place d’une carte des langues dans chaque académie, que nous rendrons publique en décembre 2015, et qui permettra, monsieur le président Accoyer, de répondre à votre juste interrogation sur ce qu’est aujourd’hui l’apprentissage de la langue vivante 1 à l’école primaire. Oui, cet apprentissage peut être amélioré, notamment en garantissant la continuité d’une année sur l’autre et la transition entre l’école primaire et le collège. C’est tout l’objet de la carte académique des langues sur laquelle nous sommes en train de travailler.
Cette carte a également vocation à favoriser la diversité des langues que l’on peut choisir en LV1 à l’école primaire. Nous travaillons pour offrir davantage de possibilités aux familles, et notamment promouvoir l’apprentissage de l’allemand en LV1. Cette cartographie des langues permettra de flécher les postes de professeurs des écoles susceptibles d’enseigner les langues vivantes 1 diversifiées que nous souhaitons dans les différentes académies, pour que nous n’ayons pas, comme c’est trop souvent le cas aujourd’hui, une concentration des professeurs d’écoles susceptibles d’enseigner l’allemand en LV1 dans les zones frontalières, et pour que ces professeurs soient répartis sur l’ensemble du territoire.
En plus des professeurs des écoles qui seront formés pour cela, nous laisserons la possibilité à des professeurs du second degré volontaires de venir renforcer cet apprentissage de la langue vivante 1, notamment l’allemand, à l’école primaire. Je vous rappelle aussi que nous allons recourir beaucoup plus largement à des assistants de langue et à des intervenants extérieurs que votre majorité – allez savoir pourquoi ! – avait décidé de supprimer.
Voilà comment nous mobilisons des moyens à l’école élémentaire au service de la diversité linguistique dans le choix de la première langue vivante.
S’agissant de la seconde langue vivante, la réforme du collège avance d’un an son apprentissage qui, au lieu d’attendre la classe de quatrième, débutera en classe de cinquième. Monsieur le président Accoyer, vous souhaitez faire passer le nombre d’élèves dans les dispositifs bilangues – actuellement de 16 % – à 50 %. Je vous réponds que la réforme du collège a vocation à faire passer le nombre d’élèves de cinquième apprenant deux langues vivantes – donc bilangues – à 100 %. La réforme du collège, c’est donc le bilanguisme pour tous les élèves.