À vous écouter, madame la ministre, nous ne vivons pas tout à fait dans le même monde. J’ai été chef d’établissement au moment où il a fallu mettre en place ces classes bilangues, dont l’objectif initial était de poursuivre l’enseignement de l’allemand, en particulier dans les classes primaires, comme vous l’avez rappelé à raison tout à l’heure. J’ai eu la chance de diriger une école primaire qui était située non pas dans une zone frontalière, mais au bord de l’Atlantique, donc très loin de l’Allemagne. Les chefs d’entreprise déploraient alors de ne pas avoir les ressources leur permettant de travailler avec nos amis allemands : c’était, pour les établissements de l’ouest de la France, une raison supplémentaire d’enseigner deux langues vivantes.
Nous avons donc permis l’enseignement de deux langues vivantes, l’allemand et l’anglais, en incitant les familles à choisir l’allemand dès le primaire. Or, pour faire ce choix, il était impératif de permettre aux élèves apprenant l’allemand en primaire de poursuivre cet apprentissage en sixième, parallèlement à l’anglais qui est, comme les parents le savent, la langue que tous les enfants doivent absolument étudier. Pour que les parents acceptent que l’allemand soit enseigné à leurs enfants, il faut donc proposer ces deux langues dès la sixième. C’est une erreur fondamentale que de supprimer cette possibilité.
Vous dites, madame la ministre, que vous voulez faire du chiffre. Vous n’avez cessé de citer des chiffres et d’arguer qu’en supprimant les classes bilangues de sixième, vous allez proposer l’apprentissage de l’allemand beaucoup plus largement à partir de la cinquième. Faire du chiffre, qu’est-ce que cela veut dire ?
Nous voyons bien que les enfants ne choisissent plus l’allemand, parce qu’ils considèrent que cette langue est compliquée.