Je crains, monsieur Poisson, de devoir vous retourner le compliment : il n'y aura pas demain non plus de sauveur en matière de chômage, quel qu'il soit, et celles et ceux qui ont échoué à régler le problème ne sont pas celles et ceux qui peuvent prétendre le traiter demain. J'aimerais que nous évitions ce genre de débat démagogique : si un sauveur existait en matière de chômage, il serait Président de la République depuis longtemps et nous n'en serions pas là.
Monsieur Poisson, nous essayons de trouver des solutions concrètes pour le pays. Dites-moi ce qui, dans le texte qui vient du Sénat ou dans les propositions faites par votre groupe, est de nature à créer les dizaines de milliers d'emplois que le texte du Gouvernement, selon vous, ne créerait pas. Si nous pouvons avoir des convergences pragmatiques, pourquoi passer par des circonlocutions un tantinet agressives qui veulent dire, finalement, que vous êtes d'accord avec nous, mais que vous ne pouvez nous approuver parce que l'idée ne vient pas de vous ? Pour ma part, je n'ai pas de problème en matière de propriété intellectuelle des idées. Nous devons, certes, marquer nos différences, mais non les caricaturer, comme vous le faites, et je me féliciterais que nous puissions nous retrouver autour de certaines solutions pour peu qu'elles soient bonnes pour le pays.
Pour ce qui est de l'ouverture dominicale, notre philosophie d'ensemble vise à donner plus de flexibilité aux élus sur le territoire, ainsi qu'aux zones touristiques et commerciales. Cette philosophie est sous-tendue par un principe qui n'a jamais été vraiment appliqué dans notre pays, et qui tend à donner un contenu au dialogue social et à l'idée que nous nous faisons de la social-démocratie. Cela veut dire que nous faisons confiance à l'intelligence des élus locaux pour savoir s'il est bon ou non d'ouvrir le dimanche sur leur territoire, et à celle des acteurs économiques pour savoir s'ils vont conclure ou non un accord.
Je vais maintenant répondre à votre question, monsieur Poisson. Pensez-vous une seule seconde que des acteurs, notamment des salariés – je pense en particulier à ceux qui travaillent dans les périmètres d'usage de consommation exceptionnelle (PUCE) –, vont accepter un accord au titre duquel ils seront moins payés ? Bien sûr que non, sauf à considérer qu'il y a une incapacité des acteurs, au niveau du groupe, de la branche ou de l'entreprise, à avoir une délibération éclairée. Pensez-vous que quelqu'un qui, depuis des années, travaille le dimanche en étant payé double, va accepter de ne plus l'être du fait d'un accord collectif ? Je ne le crois pas, et vous non plus sans doute.
Le chômage augmente, c'est vrai, et je ne me dérobe pas à ce qui est notre responsabilité. Reste que, généralement, on ne tire pas les fruits de la politique économique que l'on mène. Il en est de la politique économique comme de beaucoup de choses : on y paie souvent les erreurs du passé.