Intervention de Emmanuel Macron

Réunion du 11 juin 2015 à 10h00
Commission spéciale chargée d'examiner le projet de loi pour la croissance et l'activité

Emmanuel Macron, ministre de l'économie, de l'industrie et du numérique :

Si vous voulez parler des 35 heures, monsieur Cherpion, nous pouvons aussi en discuter…

Le pays n'a pas aujourd'hui un taux de chômage qui serait le fruit de la politique menée ces six derniers mois ou l'année dernière. De la même façon, l'Allemagne de Mme Merkel bénéficie largement des réformes qui ont été conduites il y a dix ans, réformes qu'elle n'a pas menées. Voilà la réalité.

S'il y avait eu une politique formidablement efficace sur le plan économique et social durant la décennie qui a précédé la campagne que vous rappelez, les choses ne se seraient sans doute pas détricotées de cette façon. Le pays aurait été moins endetté, il aurait eu un déficit moindre. Ce n'est pas nous qui avons rajouté, dans les cinq dernières années, 600 milliards d'euros de dettes ! La même crise a été vécue en Italie, qui a continué à consolider son économie, de même qu'en Allemagne, qui n'a pas fait davantage de dépenses publiques. Il suffit de faire des comparaisons pour s'inquiéter, et l'on ne reconstruit pas en deux ans la compétitivité d'un pays.

Vous pouvez me taper dessus, c'est le jeu, et vous y êtes plus habitués que moi, qui ne l'aime guère. Nous pouvons jour à nous renvoyer la balle, mais cela ne m'intéresse pas. Cela dit, il ne faut pas que cela vous affranchisse de la coresponsabilité qui, de toute façon, est la vôtre, que vous le vouliez ou non, puisque vous avez géré ce pays pendant les dix années qui ont précédé notre arrivée, et que les résultats économiques procèdent de cycles longs.

La question est la suivante : en ce qui nous concerne, sommes-nous capables de conduire des réformes qui font bouger les lignes, qui sont créatrices d'activité et qui portent l'idée de justice économique et sociale qui est la nôtre ? Et, de votre côté, saurez-vous converger vers ces solutions parce que vous considérerez qu'elles sont efficaces pour le pays, même si, eu égard à votre sensibilité différente, que je respecte, vous auriez voulu procéder un peu différemment ?

Si vous me dites que vous avez pensé avant nous à telle ou telle solution, je suis prêt à vous en donner acte. Si elle est bonne pour mon pays et que j'en suis convaincu, peu m'importe d'où elle vient. À la fin, il faut que le chat mange la souris, comme disait un grand Chinois.

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