Intervention de François Pupponi

Réunion du 4 février 2015 à 8h45
Commission d'enquête sur la surveillance des filières et des individus djihadistes

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaFrançois Pupponi :

Si je partage votre constat, je suis moins optimiste que vous sur la capacité à apporter des réponses de fond et à mettre en place les structures adéquates.

Nous sommes capables de lutter, plus ou moins efficacement, contre les terroristes. Mais la montée en puissance de l'islamisme radical dans un certain nombre de territoires ne suscite aucune réaction. Les élus sont un peu livrés à eux-mêmes, chacun travaille de son côté, les enseignants de l'un, et les universitaires, de l'autre. J'ai proposé la création de cellules de veille par quartier pour travailler tous ensemble. Aujourd'hui rien n'est pensé ni mis en place. Les services de police croient pouvoir s'en sortir seuls, les enseignants aussi, les maires font ce qu'ils peuvent. Il n'y a pas d'organisation territoriale de la République pour lutter contre ces phénomènes. Je suis preneur de vos réflexions sur les structures qui devraient être créées pour y remédier. La volonté est là, les appels au secours ne manquent pas, mais rien n'est organisé au niveau local. Or, c'est à ce niveau que nous pouvons mettre en place un suivi individualisé.

Une note d'optimisme malgré tout, nous avons été capables il y a quinze ans en matière de délinquance de nous asseoir autour de la table et de travailler ensemble pour trouver des solutions. On y arrive, quartier par quartier.

N'est-il pas temps pour la République d'organiser enfin, dans un espace laïc, les relations et les règles de l'islam de France ? Les demandes des communautés musulmanes sont multiples, qu'il s'agisse des mosquées, de l'abattage rituel ou des cimetières. La France n'y répond pas. Chaque maire qui s'y essaie se voit taxer de communautarisme. Les donneurs de leçons sont nombreux mais, sur le terrain, les élus attendent des réponses concrètes et globales.

Autre question, les réseaux les plus introduits dans ces quartiers et les plus actifs sont turcs. Lors de la manifestation à Sarcelles, deux drapeaux étaient brandis dans la rue : le drapeau palestinien et le drapeau turc. Les mosquées turques qui profitent de réseaux très structurés et qui ne sollicitent aucun financement inquiètent car elles font concurrence aux mosquées traditionnelles. Les responsables de ces dernières viennent demander notre aide pour empêcher les dérives qu'ils observent. Les pouvoirs du maire que je suis sont un peu limités en la matière…

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