Vous avez parlé du financement sous l'ère Al-Qaïda. Sous l'ère Daech, j'ai compris que vous réfutez l'idée d'une génération spontanée de terroristes et que vous abhorrez le terme de loups solitaires. Vous parlez d'horizontalité. Mais qui finance aujourd'hui ?
S'agissant de la troisième phase de l'islamisation, de l'ère Daech qui est marquée par une acculturation – les djihadistes français connaissent peu l'islam, ne parlent pas l'arabe et ne connaissent pas le Coran – comment la connexion s'opère-t-elle ? Vous avez cité internet mais il faut plus que des images pour adhérer à la stratégie de Daech.
Vous mettez en avant l'échec de Daech dans sa stratégie de fragmentation de la société française. Pourtant, depuis une quinzaine d'années, les sujets de friction ont été nombreux : les prières de rue, la dignité des lieux de culte, le foulard, le drapeau algérien dans les mariages et les rassemblements sportifs, les sifflets de la Marseillaise mais aussi la mobilisation contre le mariage pour tous, et enfin la journée de retrait de l'école. Comment aurait-on pu imaginer cet islam vindicatif, à l'opposé de l'immigration qui voulait se fondre dans la société que nous connaissions ? Je m'interroge donc sur votre appréciation : il me semble que la société française montre de nombreuses fractures, notamment avec la population immigrée de deuxième voire de troisième génération.
Je suis assez favorable à l'adaptation de la loi de 1905 et à ce que les lois de la République prennent mieux en compte l'islam. Mais de là à parler d'un islam à la française.... Ne prend-on pas le risque – de la même manière qu'on fait appel un peu trop souvent à l'imam de Drancy – de déconsidérer la communauté française aux yeux du reste de la population arabe ?