Le premier problème qui se pose tient à l'exercice de la tutelle de l'État, et ce sous tous les gouvernements. S'agissant d'Areva, des alertes précoces ont été balayées du revers de la main : les salariés de l'entreprise font aujourd'hui les frais de cet aveuglement.
La situation actuelle est liée à des causes conjoncturelles mais aussi structurelles, qui n'ont pas été suffisamment prises en compte. Je pense d'abord à l'évolution du marché nucléaire mondial après Fukushima, au renchérissement des investissements liés à la sûreté et à l'obstination stratégique dans l'EPR, alors qu'un retard a été pris dans la gamme de réacteurs de moyenne puissance, laquelle correspond mieux à la demande mondiale. Bref, il faut aller au bout de l'analyse sur ces difficultés structurelles, comme sur la filière de retraitement et sur le MOX, le « mélange d'oxydes ».
Je veux souligner l'importance de votre deuxième point, qui a trait au renouvellement de notre parc nucléaire avalisé par le Président de la République le 3 juin dernier. Cette décision, qui représente un tournant important au regard des engagements de la majorité, n'a encore jamais été débattue.
Je m'inquiète par ailleurs des conséquences du montage pour EDF, dont l'équation économique est déjà délicate compte tenu, notamment, de la lourdeur des investissements auxquels il doit faire face. Mes inquiétudes concernent également, bien sûr, les conséquences d'une augmentation des tarifs de l'électricité pour les consommateurs, ainsi que les conséquences, pour l'État, d'une cession d'actifs d'EDF – au sein duquel la part du capital privé se trouverait dès lors augmentée – qui serait nécessitée par l'opération.
Enfin, s'il existe évidemment des perspectives industrielles en Chine, l'ouverture du capital aux investisseurs de ce pays doit être mûrement réfléchie : le renouvellement, avec la Chine, du scénario que l'on a connu avec Alstom soulèverait des questions pour notre souveraineté énergétique et industrielle.