Intervention de Marine Aubin

Réunion du 9 juin 2015 à 17h00
Délégation de l'assemblée nationale aux droits des femmes et à l'égalité des chances entre les hommes et les femmes

Marine Aubin, coprésidente de Girlz in web :

Vous évoquez des sujets qui ne concernent pas que le numérique, même si ce secteur se retrouve sous le feu des projecteurs parce qu'il recèle des métiers d'avenir.

Une étude d'Harvard confirme le phénomène que vous avez décrit : les femmes n'osent poser leur candidature à un poste que lorsqu'elles ont au moins 90 % des compétences requises. Ce phénomène du plafond de verre, extrêmement complexe, est lié à l'éducation. J'ai créé une plateforme pour aider les femmes à briser leur plafond de verre, à faire ce qu'elles veulent vraiment de leur vie et pas ce qu'on leur dit d'en faire. Par le partage d'expérience, cette plateforme permet de mieux appréhender un phénomène dont les causes et les effets sont mal connus. Elle peut aussi aider chaque femme à se situer et à se sentir moins seule. La première fois que j'ai pris conscience de mon propre plafond de verre, je me suis sentie affreusement seule et nulle, ce qui ne m'a pas beaucoup aidée à le briser. Les femmes ont besoin d'être accompagnées. L'idée est aussi d'aller travailler avec les grandes entreprises pour casser ce phénomène.

Le manque de rôles modèles et de féminisation des noms n'aide pas les femmes à se projeter dans ces métiers. À voir Sheryl Sandberg, numéro deux de Facebook, ou Marissa Mayer, PDG de Yahoo, ou encore Delphine Ernotte, qui est passée de la direction d'Orange au poste de PDG de France Télévisions, une femme à tendance à se dire que ce sont des personnages hors-norme et inégalables. Or ce ne sont pas des superhéroïnes. Quand on lit En avant toutes, la biographie de Sheryl Sandberg, on se rend compte qu'elles sont entourées d'assistants, de nounous, d'une kyrielle de personnes. Il est important de démystifier.

Il faut aussi créer un terrain qui soit plus favorable aux jeunes femmes qui arrivent dans les écoles d'ingénieurs. Des étudiantes de l'École pour l'informatique et les nouvelles technologies (EPITECH), qui ont créé une association dans leur établissement, nous ont rapporté des propos trop vulgaires pour que je puisse les citer. Elles ont dix-huit ans à leur arrivée dans cette école et elles s'y font harceler toute la journée. Elles sont encore moins nombreuses à en sortir qu'à y entrer parce que ce milieu leur est très peu favorable.

Nous allons travailler sur ces sujets avec l'école 42 de Xavier Niel. Dans une structure créée en six mois, les gens sont conscients que des erreurs ont été commises. Nous allons faire des tests, utiliser des méthodologies d'innovation et de design pour trouver des solutions et publier des livres blancs utilisables par d'autres écoles.

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