Certes, mais j'insiste sur le fait que la hausse des taux pourrait correspondre à deux hypothèses distinctes : d'une part, celle d'un choc de crédit résultant d'une réappréciation du risque souverain, d'autre part, celle d'un choc lié à une réappréciation de la croissance et de l'inflation, où la disparition d'une économie se trouve compensée par une augmentation des recettes fiscales.
Pour ce qui est de la Grèce, certains scénarios nous transportent en terre inconnue, pour reprendre une expression utilisée par M. Michel Sapin. Je ne peux prédire l'évolution des marchés et seule l'observation du passé peut me donner une idée de ce qui pourrait éventuellement se produire dans l'avenir, sans aucune certitude. La première crise de la dette grecque s'est accompagnée d'une fuite vers la qualité et la sécurité, qui a profité aux titres des pays bénéficiant des meilleures notations en termes de crédit et de liquidités – l'Allemagne, mais aussi les Pays-Bas et la France –, ce qui a eu pour conséquence une baisse des taux pour les pays concernés. Comme je l'ai dit tout à l'heure, l'écartement des taux s'était traduit non par une hausse des taux sur les marchés français, mais plutôt par un abaissement plus proportionnel des taux allemands. Il n'est donc pas certain que le fait que la Grèce connaisse un scénario extrême se traduise nécessairement par une hausse des taux sur la dette française.
À ce jour, les échéances 2016 et 2017 s'élèvent toutes deux à 143 milliards d'euros, et l'échéance 2018 à 120 milliards d'euros. Il m'est impossible de vous fournir aujourd'hui une appréciation du montant que nous aurons à refinancer dans les années à venir, trop d'inconnues subsistant dans le tableau de financement de l'État.
Premièrement, nous devons tenir compte de notre propre programme d'émission : d'une part, nous allons émettre l'an prochain des titres à deux ans, qui vont impacter l'année 2018 et donc augmenter l'encours, d'autre part, certains éléments du programme d'émission ne peuvent pas encore être déterminés – je pense notamment aux recettes des cessions d'actifs affectées au désendettement.
Deuxièmement, en fonction de l'état d'avancement de notre programme de financement, il nous arrive de procéder à des opérations s'inscrivant dans une gestion active de la dette, notamment en rachetant par anticipation des maturités tombant lors des années n et n+1. L'année dernière, ces rachats ont permis de diminuer d'environ 31 milliards d'euros le montant de la dette à refinancer, le ramenant de 147 à 116 milliards d'euros.