Intervention de Anthony Requin

Réunion du 17 juin 2015 à 9h45
Commission des finances, de l'économie générale et du contrôle budgétaire

Anthony Requin, directeur général de l'Agence France Trésor :

Je vais essayer de vous donner quelques éléments de réponse, étant précisé que le document de la Banque de France est la seule donnée à fort degré de fiabilité dont nous disposions. Ce document indique la répartition des détenteurs de titres résidant en France : sur les 35,7 % de détenteurs français, 10 % sont des institutions bancaires, 20 % sont des compagnies d'assurances et le reste – environ 6 % – correspond à d'autres types d'investisseurs gestionnaires d'actifs.

Nous utilisons également une enquête réalisée par le Fonds monétaire international, la Coordinated Portfolio Investment Survey, sur l'origine géographique des détentions de titres souveraines et bancaires. Ce sondage nous indiquant que 50 % de la dette détenue par les non-résidents le sont par des investisseurs situés en dehors de la zone euro, nous en déduisons que 50 % des investisseurs non domestiques sont situés en zone euro. Ainsi, nous savons qu'un tiers de la dette est détenu par des investisseurs domestiques, un tiers par des résidents de la zone euro non français, et un tiers par des investisseurs situés hors de la zone euro. Si l'on admet que la notion de marché domestique peut s'étendre à l'ensemble de la zone euro, on peut considérer que les deux tiers de la dette sont émis au sein de notre marché domestique – en tout cas, dans notre propre monnaie.

Nous disposons également de données d'Eurostat sur la structure des dettes publiques. Dans ce concept plus large n'incluant pas seulement la dette de l'État, mais l'ensemble des dettes publiques, les non-résidents représentent 57 % de la détention totale des dettes publiques – comprenant les dettes sociales et celles des collectivités locales –, ce qui est un chiffre comparable à ceux de l'Allemagne, de la Belgique et des Pays-Bas.

Enfin, nous nous référons également au rapport harmonisé que les émetteurs de dette de la zone euro demandent à leurs spécialistes en valeurs du Trésor – SVT – respectifs. Ce document nous permet de déterminer, par grandes zones et par catégories d'investisseurs, qui a absorbé les émissions de l'année. J'insiste sur le fait qu'il ne s'agit pas d'une donnée de stock, mais de flux sur l'année écoulée. Ainsi, en 2014, un peu moins de 50 % de la dette émise a été absorbée par des banques centrales et des institutions publiques – notamment des fonds souverains –, 20 % par des gestionnaires de fonds, un peu moins de 20 % par des banques, 8 % par des assureurs, 1 % par des fonds de pension et 1 % par des fonds de gestion alternative de type hedge funds.

Pour ce qui est des zones géographiques, 42 % des acheteurs nets de dette française étaient situés en zone euro, 34 % dans le reste de l'Europe, 21 % en Asie et au Moyen-Orient. L'observation de cet indicateur dans le temps permet de dégager des tendances. Ainsi l'Asie est-elle passée de près de 50 % des achats en 2012 à 21 % aujourd'hui, tandis que la part des pays européens hors zone euro est passée de 7 % à 34 % sur la même période.

Si, à la différence de ce que fait le Trésor américain, nous ne publions pas de données portant sur la répartition géographique des détenteurs, c'est que les données en question ne sont pas auditées et que leur manque de fiabilité nous obligerait à accompagner leur publication d'un trop grand nombre d'hypothèses. Quant aux données américaines, elles sont sujettes à caution : ainsi, sont considérés comme des rachats de dettes attribués au Royaume-Uni des opérations ayant simplement transité par la place financière du Royaume-Uni, sans que l'on puisse remonter jusqu'à l'investisseur final si celui-ci a passé son ordre via une filiale britannique. En fin de compte, je ne pense pas qu'un seul gestionnaire de dette publique soit en mesure de disposer de données extrêmement précises.

Pour ce qui est du rapport entre les taux d'intérêt et le prix du pétrole, s'il n'existe pas une corrélation permanente entre ces deux variables, force est de constater que l'augmentation du prix du baril peut induire une réappréciation du risque d'inflation, donc une augmentation des taux – sans doute est-ce le phénomène auquel nous avons assisté ces derniers mois.

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