Intervention de Pierre Joxe

Réunion du 12 juin 2015 à 9h00
Groupe de travail sur l'avenir des institutions

Pierre Joxe :

J'aurais du mal à vous répondre, n'ayant jamais été ministre de la justice. Il en est pourtant, comme Élisabeth Guigou, qui ont amorcé des réformes marquantes. Encore faut-il que les réformes survivent aux législatures qui se succèdent.

Le Gouvernement actuel a relancé le recrutement des magistrats, et le nombre de postes mis au concours a pratiquement doublé en deux ans. Mais l'effort devra être poursuivi et accru sur les vingt prochaines années. Il en va du prestige de la France.

Quant à ce que vous dites des juridictions sociales, vous avez raison. En France, on peut être nommé président de la chambre sociale de la Cour de cassation sans jamais avoir fait de droit social, comme si, lorsque j'étais capitaine dans l'armée de l'air, on m'avait promu commandant non pas dans l'armée de l'air mais dans les blindés. Pour un Allemand, c'est comme si on nommait un ophtalmologue à la tête d'un service d'orthopédie ! C'est honteux à dire, mais les juridictions sociales ne comptent pas. On peut, à la sortie de l'École nationale de la magistrature – où j'ai été nommé par piston au comité pédagogique (Sourires) –, devenir juge d'instruction à vingt-deux ans, mais aucun poste n'est proposé dans les juridictions sociales, dans lesquelles on a donc peu de chances de se spécialiser et de faire carrière. Chez nous, les juges des affaires sociales sont assez peu considérés ; en Belgique, le chef de la justice belge est un ancien juge du travail.

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