Intervention de Michel Combes

Réunion du 16 juin 2015 à 18h00
Commission des affaires économiques

Michel Combes, directeur général d'Alcatel-Lucent :

Notre optimisme, auquel vous avez fait référence, n'est ni béat ni naïf : c'est avant tout le réalisme qui nous conduit à mener cette opération. Le projet que nous pouvons vous présenter aujourd'hui est le résultat de transformations profondes engagées au cours des années qui viennent de s'écouler par Rajeev Suri chez Nokia et par moi-même et l'équipe de direction d'Alcatel-Lucent, qui font que ces deux entreprises, aujourd'hui solides, se sont repositionnées en Europe et peuvent ensemble décider d'un avenir commun. Ce rapprochement répond aux préoccupations du marché et permettra à l'Europe de se doter d'un champion européen assurant le développement des technologies et de la souveraineté dont vous avez parlé.

Il est vrai que mon ton a changé depuis mon audition ici même il y a deux ans : à l'époque, je ne savais pas si l'entreprise allait terminer l'année. Cette situation fort délicate m'avait amené à me montrer très transparent vis-à-vis de la représentation nationale et à vous expliciter le projet que j'avais élaboré pour l'entreprise, espérant pouvoir lui redonner un avenir. Cela est aujourd'hui chose faite. D'où la fierté qui est la mienne et d'où, sans doute, la différence de tonalité que vous avez relevée.

J'en viens à présent à la question plus personnelle que vous m'avez adressée. Dans la mesure où j'ai consacré ces deux dernières années, jour et nuit, vingt-quatre heures sur vingt-quatre, au redressement de cette entreprise, il est évident que le bon aboutissement du projet de rapprochement entre Nokia et Alcatel-Lucent est ma seule motivation à court terme. Je le dois à l'entreprise, à ses collaborateurs, à ses clients, à ses actionnaires et à tous ceux qui m'ont fait confiance au cours des deux années qui viennent de s'écouler. Nous avons été amenés à annoncer, au moment de cette opération, que j'avais vocation à quitter l'entreprise qui ne peut avoir à sa tête deux directeurs généraux. Tout le monde a encore en tête la gouvernance d'Alcatel-Lucent il y a quelques années : les collaborateurs, les premiers, m'ont demandé dès que nous avons annoncé ce rapprochement que la gouvernance de l'entreprise soit lisible et claire afin d'éviter de renouer avec ce que nous avions connu entre 2006 et 2008. Je dois vous avouer que ce départ m'est difficile à titre personnel. J'aurais beaucoup aimé diriger ce groupe – sans doute le plus beau groupe de technologies au monde. Cela dit, Nokia étant un plus gros groupe que le nôtre, il est le partenaire majoritaire de cette alliance. Et je connais Rajeev Suri depuis des années car nous avons travaillé ensemble – dans la même industrie d'une part, et lorsqu'il fut l'un de mes fournisseurs d'autre part. J'ai donc toute confiance en lui pour mener à bien le projet que nous avons bâti tous les deux. Je suis donc tout à fait serein quant à ma faculté de me retirer…

La date de mon départ n'est pas encore fixée : il nous faut trouver le bon moment. D'un côté, l'opération doit être suffisamment bien engagée, et nous devons être sûrs qu'elle ira jusqu'à son terme. Aujourd'hui, les obstacles qui demeurent sont essentiellement réglementaires : nous avons déposé des dossiers auprès d'une trentaine de juridictions, dont neuf principales, dont nous attendons les autorisations pour procéder à l'offre proprement dite, puis au closing. D'un autre côté, il faut préparer la suite de l'histoire de l'entreprise, et cette suite sera écrite par Rajeev Suri, qui doit prendre progressivement la main et établir des relations apaisées avec les équipes de direction d'Alcatel-Lucent, afin que celles-ci s'intègrent au mieux dans le nouvel ensemble. Je ne dois surtout pas apparaître comme celui qui contrecarrerait son action.

Il y a donc un équilibre à trouver. Le moment venu, nous vous présenterons la gouvernance que nous avons retenue pour la période qui ira jusqu'au closing. En tout cas, nous avons tous deux été fort marris de l'article paru dans Challenges, qui annonçait mon départ pour le 15 juillet : c'est absolument inexact. Aucune décision n'est prise, je le redis.

Philippe Camus, président du conseil d'administration d'Alcatel-Lucent, et moi-même souhaitons avant tout que la fusion soit réussie : cela implique d'installer les bons hommes aux bons endroits.

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