Intervention de Rajeev Suri

Réunion du 16 juin 2015 à 18h00
Commission des affaires économiques

Rajeev Suri, président-directeur général de Nokia, interprétation :

Merci de vos nombreuses questions.

S'agissant des effectifs, nous avons prévu, je le répète, de maintenir le niveau d'emploi en France pendant au moins deux ans après la fin de la transaction : cela représente 4 200 salariés. Nous avons également annoncé notre intention de renforcer les effectifs de la recherche et développement, qui sont actuellement de 2 000 salariés, avec 500 nouvelles embauches au cours des trois prochaines années. Nous entendons notamment recruter 200 jeunes diplômés dans le domaine des nouvelles technologies. La France ne doit pas se concentrer sur ses compétences actuelles : elle doit devenir un centre d'excellence pour les technologies du futur, comme la 5G.

Je ne vous ai pas caché, en revanche, qu'il y aurait des rééquilibrages et des suppressions de postes, en raison de doublons entre nos deux entreprises. Je n'ai pas plus de détail à vous offrir aujourd'hui.

Quant aux sites technologiques de Villarceaux et de Lannion, nous nous sommes engagés à renforcer leur importance. L'investissement en recherche et développement se pense nécessairement à long terme. Nokia dispose déjà de centres d'excellence technologique de niveau mondial et la France doit devenir l'un de ces centres d'innovation. En France, nous entendons nous concentrer sur la 5G et les small cells – de petites antennes, qui nous permettront notamment de faire le lien entre la 4G et la 5G. J'ai déjà évoqué un centre consacré à la cybersécurité, soit à Villarceaux soit à Lannion : il devrait en tout cas ressembler de près au centre que nous avons installé à Berlin l'an dernier. Nous ne voulons pas de doublons, mais je souligne que la transmission sans fil est l'une des grandes spécialités d'Alcatel-Lucent : nous ne disposons pas de ce type de technologie.

Les salariés de Villarceaux et de Lannion seront regroupés dans une seule entité : ils doivent savoir à quoi s'attendre à long terme. Nous voulons établir un écosystème sain, qui permette de développer ces centres.

Notre groupe sera également le premier fournisseur d'équipements, de solutions et de services dans le domaine des télécommunications en France. Nous aurons de gros clients et espérons nous développer sur le marché français. Nous avons l'intention de maintenir des effectifs dans le domaine de l'assistance, de la vente, de distribution…

Nous avons commencé à travailler sur notre projet d'entreprise mais il n'est pas achevé. La France ferait certainement un bon point de départ pour la distribution et l'assistance en direction de certains pays européens et africains. Là encore, notre projet est en cours de construction. Les réponses que je vous apporte sont donc pour le moment de simples pistes de réflexion.

Nous pensons que la fusion aura pour les fournisseurs et les sous-traitants des conséquences limitées, dans la mesure où nous entendons développer et non réduire nos activités de recherche et développement. Quant à ceux qui travaillent dans le secteur de l'assistance au client, de la mise en service… ce sont des services que nous entendons maintenir.

Vous m'avez interrogé sur la consolidation en cours des opérateurs européens des télécommunications. C'est à mon sens un processus qui doit continuer. Les États-Unis ont quatre grands opérateurs, la Chine trois, l'Inde trois, le Japon trois : en Europe, il serait raisonnable qu'il y ait dans chaque pays trois ou quatre grands opérateurs seulement. La consolidation leur permettra d'être plus compétitifs, non seulement en réalisant des économies d'échelle, mais aussi en établissant des convergences, des synergies – c'est ce qui s'est passé aux États-Unis. Les gammes de produits vont grandir. Les principaux opérateurs mondiaux ont déjà achevé ce processus de convergence, que ce soit dans le domaine de la téléphonie mobile, de la téléphonie fixe, de la télévision… Aujourd'hui, 29 % seulement des opérateurs mondiaux sont des pure players de la téléphonie mobile : cela me paraît une tendance positive. La nécessité d'atteindre une masse critique, mais surtout de proposer une gamme de produits assez large pour répondre à tous les besoins de ces grands opérateurs, est l'une des raisons qui rendent cruciale la fusion entre Nokia et Alcatel-Lucent. Notre rapprochement intervient, je crois, au bon moment. Nous ne sommes pas sur la défensive, au contraire !

Je crois énormément à l'internet des objets. Les entreprises seront de plus en plus connectées, et la technologie va prendre encore plus de place qu'aujourd'hui. De nouvelles possibilités vont faciliter la vie des gens et libérer du temps. Nous voulons participer pleinement au monde programmable qui est devant nous : un monde où, grâce aux voitures qui se conduisent elles-mêmes, il y aura bien moins de morts sur les routes ; un monde où, grâce aux objets intelligents, notre santé sera mieux surveillée… Les patients placés en unité de soins intensifs font l'objet d'une surveillance étroite, mais lorsqu'ils rentrent chez eux, cette surveillance s'achève : il serait formidable d'arriver à connecter les hôpitaux et les domiciles des patients. De nombreuses industries – l'industrie pharmaceutique ou le secteur de la distribution d'eau, par exemple – peuvent gagner en efficacité grâce aux objets connectés. La 5G notamment jouera un rôle clé en diminuant le temps de réponse du réseau : cela permettra au patient d'être suivi de très près même à son domicile, à la voiture sans conducteur de freiner à temps pour éviter un obstacle… C'est un sujet passionnant, enthousiasmant !

Voilà pourquoi nous avons décidé d'investir dans ce domaine, afin d'encourager la création de start-up et l'émergence de nouveaux écosystèmes en France.

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