Intervention de Bernard Cazeneuve

Séance en hémicycle du 24 juin 2015 à 15h00
Questions au gouvernement sur des sujets européens — Politique migratoire

Bernard Cazeneuve, ministre de l’intérieur :

Madame la députée, comme vous le savez, la France n’a cessé d’agir au cours des derniers mois pour qu’il y ait une politique européenne face à ce drame humanitaire considérable, et pour faire en sorte aussi que nous puissions démanteler les filières de l’immigration irrégulière, qui sont de véritables filières du crime organisé – vous évoquiez à l’instant leur rôle funeste.

Cette action de la France m’a conduit, au mois d’août dernier, bien avant que la crise migratoire ne prenne l’importance qu’on lui connaît aujourd’hui, à faire une tournée des capitales européennes pour arrêter un plan en plusieurs volets.

D’abord, il faut faire en sorte d’avoir une opération de contrôle des frontières extérieures de l’Union européenne – c’est l’opération Triton – qui puisse également sauver des vies en mer. Parce que si nous sauvons des vies sans démanteler les filières de l’immigration irrégulière qui conduisent ces femmes et ces hommes vulnérables à prendre la mer en sachant qu’ils risquent la mort, alors nous ne sommes pas efficaces.

Deuxièmement, nous avons souhaité que par-delà cette opération, il y ait un véritable dispositif de répartition des demandeurs d’asile entre les pays de l’Union européenne. La solidarité doit jouer : c’est la réadmission, la relocalisation, à la fois pour ceux qui sont dans les camps en Jordanie et pour ceux qui arrivent en Italie et en Grèce, et nous voulons faire preuve de solidarité. La France a construit cette solidarité, elle souhaite en être un acteur déterminé.

Enfin, il est absolument indispensable qu’il y ait un dispositif en Italie et en Grèce qui permette de distinguer ceux qui relèvent de l’immigration économique irrégulière de ceux qui relèvent du statut de réfugié, pour procéder aux reconduites à la frontière et créer les conditions d’une prise en charge immédiate de ceux qui relèvent du statut de réfugié. Sinon, nous aurons cette errance de femmes, d’enfants et de personnes vulnérables.

C’est le plan sur lequel nous travaillons résolument, à la fois avec les pays de provenance tels que le Niger et nos partenaires européens. Le Conseil européen qui doit se tenir dans les heures à venir sera une occasion de faire prévaloir ces vues, et je souhaite qu’avant la fin de l’été nous ayons abouti à ce dispositif global.

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