Je tiens également à saluer la détermination de Martine Bonny à remettre au Gouvernement un rapport équilibré, qui fait consensus auprès de chacun.
L’ambition de cette proposition de loi est double : il s’agit, d’une part, de pérenniser l’emploi des dockers, et, d’autre part, de renforcer le dialogue social au sein de nos ports. À cet effet, la charte prévue par ce texte impose que les entreprises et les dockers s’associent dans le processus décisionnel lié aux nouvelles implantations industrielles sur les ports. Avant même d’être signée, cette charte a été unanimement saluée et perçue comme un véritable guide par les acteurs portuaires. Grâce à l’amendement de notre rapporteur pour avis, Henri Jibrayel, et de notre rapporteur, Philippe Duron, inséré après l’article 8, nous nous assurerons que cette charte soit signée et appliquée sans tarder. C’est primordial et cela nous permet de souligner toute l’importance que nous accordons à la mise en oeuvre de cette proposition de loi, qui, je le rappelle, est le résultat d’un dialogue social fructueux.
Il y a donc urgence. Cette proposition de loi mérite le même consensus dans cet hémicycle que celui dont ont fait preuve les acteurs portuaires.
Pour finir, permettez-moi de rendre hommage à Jules Durand, docker charbonnier et syndicaliste libertaire du port du Havre. Au début du XXe siècle, injustement accusé de la mort d’un contremaître non gréviste, il est condamné et incarcéré ; libéré en 1911, suite des mouvements de protestation dépassant le seul territoire national, il est finalement reconnu innocent en 1918 ; mais, gagné par la folie pendant son séjour en prison, il n’en aura jamais conscience et mourra à l’asile en 1926. Cette erreur judiciaire a été appelée « l’Affaire Dreyfus du monde du travail ». Aujourd’hui, de nombreux acteurs de la place havraise et au-delà attendent vivement que l’État honore sa mémoire par un acte fort et solennel pour réhabiliter à jamais, et complètement, la mémoire de Jules Durand. Nous oeuvrons collectivement en ce sens.