Intervention de Michel Pouzol

Réunion du 24 juin 2015 à 9h30
Commission des affaires culturelles et de l'éducation

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaMichel Pouzol :

Permettez-moi tout d'abord de vous remercier, monsieur le président, pour la qualité et l'intérêt indéniables de ce rapport anniversaire. La Convention de l'UNESCO sur la protection et la promotion de la diversité des expressions culturelles témoigne d'une prise de conscience, depuis dix ans, de l'apport particulier des biens et services culturels à nos sociétés, tant du point de vue de la création que de l'économie. J'attirerai votre attention sur la destruction hier par DAECH de deux mausolées antiques de Palmyre – attentat qui prouve, s'il en était besoin, que le combat pour la préservation de cette diversité, où qu'elle se trouve, est au coeur de nos choix de société et de l'ensemble de nos combats républicains, ici comme ailleurs, mais qui prouve aussi la nécessité d'étendre la notion de culture au patrimoine, en grand danger dans les pays émergents.

Au-delà de la façon dont ce problème se pose dans le véritable combat de civilisation qui se déroule sous nos yeux, je souhaiterais soulever trois questions et tenter modestement de fixer des perspectives à cette Convention pour les dix années à venir. Comme l'a souligné le rapporteur, promouvoir la préservation de la diversité culturelle dans les États émergents est une nécessité. Mais comment y parvenir si, dans le même temps, la protection des politiques culturelles n'est pas réellement assurée dans les pays où elle est soumise aux coups de boutoir des marchés, là où les politiques sont souvent les plus développées et les plus fortes ? Comment étendre cet impératif à l'émergence de nouveaux modes de consommation culturelle liés aux outils numériques ? Comment cette Convention, dix ans après son adoption, peut-elle nous permettre de poser les bases d'une réelle politique culturelle supranationale, notamment au niveau européen où l'intégration en ce domaine est plus un voeu pieux aujourd'hui qu'une réalité concrète et où les disparités sont plus fortes encore que dans tous les autres domaines ? Comment, enfin, cette Convention peut-elle nous aider à dresser un bilan, par zones géographiques, des bonnes pratiques en matière culturelle, afin de permettre à chaque nation de s'enrichir des expériences des autres pays signataires et de renforcer ainsi le dynamisme potentiel de chacune tout en réduisant les fractures fortes qui persistent entre les nations du Nord et celles du Sud en matière de développement culturel ?

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