Intervention de Olivier Andrault

Réunion du 24 juin 2015 à 9h30
Commission des affaires économiques

Olivier Andrault, chargé de mission alimentation de l'Union fédérale des consommateurs, UFC Que choisir :

Ce matin, j'ai souvent entendu cette formule incantatoire : il faut éduquer le consommateur. Comme si tout était de sa faute ! D'un côté, il y a des consommateurs experts qui, en achetant notre magazine, nous font vivre. Ils considèrent qu'il est important de s'informer sur l'alimentation et d'autres produits. Ils sont exigeants et font vivre également des artisans-cuisiniers. De l'autre, il y a les consommateurs non experts, qui ne lisent pas notre magazine, mais que je représente tout autant. Comment les informer ? Le meilleur moyen, c'est de leur donner une information normée, réglementée par la loi et par l'écrit. C'est pourquoi nous tenons à ce principe général qui s'applique à tous les domaines de la consommation, dans le domaine alimentaire et pour les produits agroalimentaires qui sont vendus en grande surface. C'est ce minimum minimorum qui permet de donner une information identique à tous les consommateurs.

Comme beaucoup d'intervenants, je regrette la multiplication des labels. Finalement, on se retrouve là encore à la frontière entre la communication volontaire, donc des labels volontaires, autoproclamés, et du coup la nécessité, pour aider le consommateur à y voir plus clair, d'avoir des dispositifs réglementés, normés, encadrés par la loi. C'est à nos yeux le moyen, essentiel, d'informer correctement le consommateur.

Bien évidemment, nous soutenons les initiatives volontaires des professionnels de la restauration qui indiquent l'origine de leurs ingrédients, car à l'exception de l'obligation très ponctuelle sur la viande de boeuf il n'y a aucune obligation d'indiquer l'origine des différents ingrédients qui entrent dans la composition des produits transformés qui constituent l'essentiel de notre alimentation.

S'agissant des allergènes, j'ai été estomaqué d'entendre les arguments mis en avant par certains professionnels. L'artisan-cuisinier qui fait du « fait maison » sait quels ingrédients il utilise : il lui sera donc très facile d'informer le consommateur. Mais c'est la même chose pour le restaurateur qui aura utilisé des produits transformés : il lui suffira de lire les étiquettes.

Faut-il indiquer noir sur blanc, sur le menu, la longue liste des ingrédients potentiellement allergisants ? L'industrie agroalimentaire est responsable de l'élaboration de ses recettes. Nous militons depuis de nombreuses années pour que l'agroalimentaire simplifie les recettes des plats qu'elle vend aux grandes surfaces et aux restaurateurs, car plus elle complexifie les recettes, plus elle multiplie les risques d'accidents pour les consommateurs souffrant d'allergies.

J'en viens à l'expérimentation grandeur nature réalisée actuellement en Avignon et à Paris qui vise à indiquer, à l'aide d'un smiley, les résultats des contrôles sanitaires effectués dans un restaurant. Nous considérons que cette mesure va dans le bon sens. Après un contrôle sanitaire, le restaurant peut très bien rester ouvert alors que la cuisine est faite dans des conditions d'hygiène moyenne. Ou alors, on ferme l'établissement, mais c'est l'arme nucléaire… Les smileys ont l'avantage de garantir une information du consommateur tout en incitant le restaurateur à progresser dans la garantie d'une hygiène de meilleure qualité.

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