Intervention de Jérôme Chartier

Réunion du 24 juin 2015 à 16h45
Commission des finances, de l'économie générale et du contrôle budgétaire

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJérôme Chartier, rapporteur :

C'est tout à fait exact. Il est d'ailleurs assez drôle que l'on en revienne presque au ratio Cooke avec le ratio de levier.

On est en train d'essayer par tous les moyens d'exclure les risques, car nous ne nous sommes pas encore remis de la crise financière de 2008. Celle-ci a eu une vraie dimension psychologique : tout le monde s'est laissé envahir par le principe même de risque. Or, on sait très bien que les crises financières succéderont aux crises financières. Le risque fait de toute façon partie de la vie financière, le modèle lucratif du secteur financier étant fondé sur la prise de risque.

En revanche, le financement de l'économie ne peut plus dépendre aussi fortement des jeux financiers. La réflexion sur la séparation du secteur financier et du secteur bancaire est utile, car il existe incontestablement un risque de contamination du premier au second. Je plaide pour que nous soyons d'une vigilance de Sioux : il faut éviter que les activités de marché ne compromettent le financement de l'économie.

Du fait du poids et de l'influence du monde anglo-saxon sur le secteur financier mondial, nous n'avons pas réussi à faire en sorte que le modèle financiarisé soit considéré comme le plus risqué. Je le regrette. C'est même l'inverse qui s'est produit : obéissant à une logique comptable, on a regardé le modèle intermédié comme le plus risqué, et c'est le modèle financiarisé qui bénéficie d'exemptions. Même si les banques françaises ne devraient pas s'en tirer si mal que cela dans le cadre européen – je souscris à ce qu'a dit Karine Berger à propos du texte issu du Conseil ECOFIN –, elles sont désavantagées par rapport à leurs concurrentes anglaises et américaines. L'avantage dont jouit actuellement le modèle financiarisé me paraît inquiétant à double titre : d'une part, pour le modèle de financement de notre propre économie et, d'autre part, en raison des risques qu'il continue de faire courir.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion