Je partage les vues du rapporteur. Il me semble pour ma part que la politique de voisinage doit répondre à quatre exigences.
La première, c'est la clarification entre voisinage et élargissement, à l'est et au sud. Il faut certes se résigner à un certain flou car nous ne pouvons dénier à des pays souverains le droit d'avoir des aspirations européennes, mais il faut aussi savoir adapter notre politique à ceux qui n'ont pas vocation à intégrer l'Union européenne, ou ne le souhaitent pas. Raison de plus pour entretenir un véritable partenariat. C'est une des raisons fondamentales pour lesquelles on ne peut traiter de la même façon est et sud. A l'est, les pays des Balkans ont vocation à devenir des États membres de l'Union, cela a été confirmé par plusieurs conseils européens. Encore faut-il qu'ils puissent remplir les conditions. La Turquie, même si cela est parfois contesté, est aussi engagée dans le processus d'adhésion. Pour les autres, tout dépend des conditions géopolitiques. L'Ukraine, la Géorgie, la Moldavie sont des pays européens, qui peuvent donc être considérés comme de possibles candidats à l'adhésion. A l'Union européenne d'apprécier si cela est possible et souhaitable, en fonction de facteurs géostratégiques tels que l'évolution de nos relations avec la Russie.
Il y a par ailleurs une question de méthode. L'Union européenne doit définir des priorités qui ne peuvent se limiter à la seule politique commerciale, ou aux investissements croisés. Il me semble également crucial de se concerter d'avantage avec nos partenaires, leurs sociétés civiles.
Troisièmement, l'articulation de la politique de voisinage avec la politique de développement et la politique extérieure et de défense commune doit être renforcée. Cela pose un problème de financement, car il ne faudrait pas que l'aide apportée à l'Ukraine, au demeurant légitime, se fasse au détriment des crédits apportés au sud. Pourquoi les outils de financement de la BEI sont-ils par exemple adaptés au sud ? C'est une vraie question. Je ne reviens pas sur la question fondamentale des « voisins de nos voisins », mais aussi veiller à l'équilibre entre notre voisinage est et sud, ou encore adapter nos outils à un monde qui change.
Enfin, la nouvelle stratégie que nous devons définir devra s'articuler autour de quelques priorités et donner lieu à des initiatives concrètes et tangibles, auxquelles il faut donner le plus de visibilité possible, dans des domaines qui répondent à de réels besoins tels que l'énergie, la circulation des personnes.
Il est évident que l'on ne peut traiter ces questions de manière univoque et bureaucratique, sans vision stratégique. La prise de conscience est là, reste à la traduire dans les faits et à encourager Federica Mogherini, qui a clairement marqué sa volonté de coordonner l'action des différents commissaires, à s'en donner les moyens. Ce n'est pas demain que l'Union européenne sera dotée d'une politique étrangère, il faut se garder de faire de grandes déclarations sur le sujet. La remise à jour des travaux de M. Solana devrait y contribuer.
Enfin, en termes de méthode, il me semble qu'il serait judicieux de travailler en meilleure intelligence avec la commission des affaires européennes. Je ne doute pas que nous puissions à l'avenir mieux coordonner nos travaux sur des sujets qui concernent nos deux commissions. Cela nous évitera des malentendus. Je remercie notre collègue pour l'important travail qu'il a effectué.