Ces dix dernières années, dans des opérations de capital-développement menées en France pour des sociétés déjà mûres, telles que Vente-Privée, Criteo, Neolane, qui souhaitaient lever des fonds de l'ordre de quelques dizaines de millions d'euros, 80 % des tours de table ont été menés par des fonds anglo-saxons. Les acteurs de la place, dont la BPI, sont entrés en discussion pour pallier cette situation et apporter à des fonds français des moyens pour peser sur ce marché stratégique.
Le constat a été dressé que l'argent public, en l'occurrence celui de la BPI, était trop saupoudré et qu'une certaine sélectivité des fonds était nécessaire. La meilleure manière d'investir l'argent public est de respecter une certaine exigence de performance. Si cela ne doit pas conduire à une concentration sur un petit nombre d'acteurs, il ne convient pas non plus de saupoudrer sur tout le territoire car cela empêche de constituer des équipes ayant une taille critique, capables de traiter tout le spectre de l'investissement – de la société en amorçage à la société avant une introduction en Bourse – et pouvant répondre à des investissements réalisés depuis le Royaume-Uni ou les États-Unis.
Des fonds ne sont pas retenus, et je pense que c'est tout à fait normal. Le métier attire beaucoup de monde : il faut faire le tri, certains candidats n'ont pas le profil requis. Cette sélectivité est naturelle et nécessaire.
S'agissant des exigences de performance, j'ai déjà évoqué les hurdles, ou « obstacles », avant de pouvoir toucher le carried interest. Cette rentabilité minimale est en général de 7 à 8 % par an, ce qui est important eu égard au coût de l'argent sur les marchés actuellement. Les exigences de la BPI conduisent à une véritable responsabilité de l'équipe de gestion, car il n'est pas possible de lever de l'argent auprès de la BPI sans que chacun des membres du fonds investisse de son propre argent dans le fonds, à titre individuel. Ces montants pouvant varier entre 1 et 5 % du montant du fonds. C'est extrêmement important, d'autant plus qu'il s'agit d'argent après impôt.
Les profils, dans nos métiers, sont très variés. Chez Partech, nous avons des profils d'entrepreneurs de start-up, de conseil en stratégie, de banque d'affaires, mais aussi des personnes issues de grands groupes industriels tels que Dassault Systèmes ou Casino. C'est une représentation large de l'économie française.