Intervention de Jean-Michel Isaac-Dognin

Réunion du 4 juin 2015 à 11h00
Mission d'information commune sur la banque publique d'investissement, bpifrance

Jean-Michel Isaac-Dognin, membre du Comité stratégique de la filière aéronautique :

Je rappellerai tout d'abord quelques caractéristiques du secteur industriel de l'aéronautique. Celui-ci est bien entendu très impliqué dans l'innovation. Les coûts de développement des nouveaux programmes sont très lourds, mais ils ne sont plus assumés exclusivement, comme c'était le cas autrefois, par les grands avionneurs ou motoristes : aujourd'hui, le flow down permet d'y faire participer la filière à différents niveaux. Dans certains métiers, les investissements sont lourds. Les cycles sont longs. L'activité à l'exportation, notamment sous la forme d'implantations à l'international, se développe de plus en plus, y compris pour les PME et les ETI, qui participent aux programmes de Boeing, Embraer ou Bombardier, ou à des programmes russes ou chinois. Enfin, la monnaie de référence est le dollar.

En conséquence, la filière a besoin, en matière de capitaux propres, d'engagements dans la durée, une durée souvent plus longue que celle des fonds d'investissement classiques. En ce qui concerne l'innovation et de développement, il s'agit, là aussi, de financements à moyen terme qui doivent prendre en compte, au-delà des corporels, les immatériels ainsi, éventuellement, que la notion de risque programme. Par ailleurs, la monnaie de référence étant le dollar, on a souligné, notamment dans le rapport du CNI, la nécessité de disposer d'outils de couverture de change de moyen terme car, sur le court terme, l'offre du réseau bancaire est suffisante.

L'offre de Bpifrance est très largement adaptée à ces caractéristiques. Je citerai quelques-uns de ces outils. En ce qui concerne l'innovation – laquelle ne se limite plus à l'innovation technologique au sens où l'entendait l'Agence nationale de valorisation de la recherche (ANVAR) –, elle est un partenaire de la Banque européenne d'investissement dans le cadre de son programme InnovFin, ce qui lui permet de bénéficier d'un niveau supérieur de garantie et de ressources financières. Elle accorde également, et c'est un élément très important, des prêts de développement ; ces prêts de moyen terme, qui tiennent compte du corporel et de l'incorporel, permettent aux entreprises de traverser les vallées de la mort. Par ailleurs, Bpifrance gère une ligne d'avance remboursable dans le cadre d'une convention conclue avec la Direction générale de l'aviation civile (DGAC), tournée plus particulièrement vers les PME. Ce produit a pour caractéristique de prendre en compte un risque programme : en cas d'échec, l'avance remboursable peut se transformer partiellement en subvention.

Dans le domaine de la trésorerie et du financement courant, Bpifrance offre, outre les produits de garantie, un outil intéressant, Avance +, qui permet de faire, en mobilisation de créances, des choses que ne permettent pas les dispositifs Dailly ou l'affacturage.

Dans le domaine des fonds propres, Bpifrance est, en tant qu'héritière du Fonds stratégique d'investissement (FSI), partenaire des grands industriels regroupés au sein du fonds de notre secteur, Aerofound.

Enfin, je rappelle que Bpifrance s'adresse aux entreprises de toutes tailles, à tous les stades de développement.

La collaboration entre Bpifrance et la filière aéronautique est ancienne, structurée et forte. La filière elle-même est très structurée : le Groupement des industries françaises aéronautiques et spatiales (GIFAS), qui existe depuis très longtemps, a pour particularité de regrouper l'ensemble de la profession, depuis Airbus jusqu'aux TPE. S'y ajoutent le Comité stratégique de filière national et ses déclinaisons dans certaines régions, ainsi que les pôles de compétitivité, dont trois sont consacrés à l'aéronautique, et, dans les régions où ces pôles sont absents, des clusters, qui sont membres associés du GIFAS. Enfin, le Conseil pour l'orientation de la recherche dans l'aviation civile (CORAC), qui est antérieur au CSF, prend en charge en liaison avec celui-ci le volet recherche de la profession.

Nous offrons ainsi à Bpifrance une structure idéale pour diffuser son message. Membre actif du groupe de travail « Financement » du CSF national, elle a du reste présenté ses produits devant le GIFAS et dans les régions, de sorte que son offre a irrigué l'ensemble de la filière.

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