Il y a quelques années, sous mon mandat, nous avons célébré le cinquantième anniversaire de notre organisation, fondée à Montréal comme Association des universités partiellement ou entièrement de langue française (AUPELF), puis devenue l'AUF. Elle a connu depuis les origines une évolution nette, mais sans rupture, épousant l'évolution des universités adhérentes.
En 1961, il s'agissait pour le Nord de venir en aide au Sud, voire, dans une certaine mesure, de se substituer à lui. Des missionnaires entièrement pris en charge étaient envoyés sur place. Ces rapports verticaux ont évolué vers des rapports plus horizontaux, au point que le soutien à la coopération entre universités du Sud est devenu l'une de nos priorités. Des coopérations importantes existent aujourd'hui entre elles.
Nous nous éloignons en outre d'une situation où l'AUF ne serait qu'une agence de programmes qui dispenserait des bourses de master ou de doctorat, qui financerait des campus numériques et viendrait en aide à des destins individuels. Certes, c'est une bonne chose. Une association des anciens boursiers de l'AUF s'est formée, qui compte plus de mille membres. Lors d'une récente cérémonie, nous avons ainsi mis à l'honneur une ambassadrice et un ancien ministre qui ont été boursiers de l'AUF. Beaucoup de personnes ont réussi dans la vie grâce à une bourse de l'AUF.
Mais nous aidons cependant moins des destins individuels que des structures, à savoir des universités. Nous accordons ainsi des bourses de doctorat dans le cadre de projets d'établissement qui permettent à des étudiants de recevoir cette aide pour devenir ensuite maîtres de conférences dans leurs universités. Nous passons ainsi de l'individu à la structuration, comme nous passons du programme à l'expertise. Le 14 décembre 2014, j'ai signé avec le ministre ivoirien chargé de l'enseignement et de la recherche une convention par laquelle la Côte-d'Ivoire nous finance à hauteur de 750 000 euros pour monter une université numérique. Nous travaillons main dans la main avec le ministère de l'Éducation nationale et sa plateforme France Université Numérique (FUN) pour mobiliser des experts. Sur ce projet, voilà un pays du Sud qui nous finance, c'est un signe des temps. Cela n'aurait pas été envisageable il y a quelques années.
Ainsi, notre action évolue, même si aucune rupture ne se fait sentir, car nous continuons à nous inspirer des principes de solidarité et de coopération internationale.