La synergie est quotidienne entre les différents opérateurs de la francophonie. Au niveau central, il existe un conseil de coopération et nous nous voyons régulièrement au Conseil permanent de la francophonie. Le secrétaire général de l'Université Senghor, M. Albert Lourde, y évoque régulièrement notre bonne coopération quotidienne. À l'étage inférieur de leurs locaux, nous avons, du reste, établi un campus numérique, qui permet à l'AUF de proposer en commun avec l'Université Senghor des masters en présentiel et à distance.
Je siège moi-même au conseil d'administration de l'Université Senghor, qui est aussi membre de l'AUF. L'OIF siège également dans les organismes communs et j'ai déjà tenu une réunion commune avec le nouvel administrateur. Les échanges sont quotidiens. Nous développons enfin des programmes communs avec elle, telle l'initiative francophone de formation à distance des maîtres (IFADEM), réalisée par une équipe commune de l'AUF et de l'OIF. Cette grande réussite a été expertisée par des chercheurs étrangers et nous encourage à faire d'autant plus sur le programme Observation des pratiques enseignantes en relation avec les apprentissages (OPERA) ou sur l'initiative « École et langues nationales » (ELAN).
Il s'agit désormais de développer cette coopération au niveau régional. Car nous accusons peut-être un certain retard en la matière. Il est vrai que les cartes des réseaux régionaux ne coïncident pas nécessairement entre organismes francophones. Mais la situation est amenée à évoluer. Là où c'est possible, je propose à Mme Michaëlle Jean le rapprochement, voire la fusion, ainsi à Bruxelles, où les organismes francophones emploient chacun quatre personnes au total. Nous pourrions faire de même, dans un deuxième temps, en Haïti. Si la fusion est possible dans les villes où l'AUF et l'OIF ont toutes deux des implantations, une stratégie régionale commune mérite à tout le moins d'être développée ailleurs. Tel est mon état d'esprit.
Mme Michaëlle Jean a mis l'accent sur la formation professionnelle dans l'enseignement supérieur. Son initiative nous séduit et nous la soutenons. Il y a cinquante ans, les universités que nous soutenions fonctionnaient comme des petites Sorbonne, sans grande préoccupation du devenir professionnel de leurs étudiants. Depuis, au Maghreb, en Afrique subsaharienne, une nouvelle demande de professionnalisation des formations universitaires a émergé de la part des recteurs, y compris dans les humanités. Jusqu'à peu, nous avions peu d'action en ce domaine, hormis le soutien à un réseau d'écoles d'ingénieurs. Les instituts universitaires de technologie (IUT) français ne peuvent le faire, car ils dépendent d'universités qui sont déjà adhérentes. Mais les collèges d'enseignement général et professionnel, dits cégeps, du Québec adhéreront bientôt à l'AUF. Dans les années à venir, nous serons donc très dynamiques dans ce domaine. Mme Michaëlle Jean a bien perçu les choses.