La contribution française a baissé : de 1,65 million d'euros en 2013, elle est passée à 1,4 million en 2015. Elle représente 52 % de notre budget total, contre 74 % en 2010, car nous avons reçu des ressources complémentaires et réussi à convaincre la Fédération Wallonie-Bruxelles de financer notre institution à hauteur de 62 000 euros annuels depuis 2013. Comme l'a souligné le commissaire aux comptes dans son rapport, entre 2010 et 2014, les ressources de l'université résultant de subventions sont restées relativement stables.
Quant à l'Égypte, elle héberge gratuitement l'Université Senghor dans des locaux provisoires depuis vingt-cinq ans : nous sommes installés dans un grand immeuble en centre-ville, juste à côté du Consulat de France. On parle régulièrement de nous donner un terrain dans la banlieue d'Alexandrie et d'y construire un immeuble, mais ces propositions n'ayant jamais été suivies d'effet, nous préférons rester là où nous sommes, eu égard à la situation sécuritaire de l'Égypte. Cette situation nous pose d'ailleurs problème, car, ces derniers mois, de nombreux professeurs venant de l'extérieur, notamment du Canada, se sont vus refuser l'autorisation de venir en Égypte. Songez que, il y a un mois, ce sont dix-neuf bombes qui ont explosé en une seule journée à Alexandrie.
On constate cependant un changement dans la politique égyptienne : souhaitant se tourner vers l'Afrique, l'Égypte a compris que l'Université Senghor pourrait être un instrument de sa politique étrangère dans la mesure où nous amenons dans le pays des centaines de cadres supérieurs qui peuvent en repartir en amis ou, au contraire, mécontents. C'est pourquoi, lors de la cérémonie de remise des diplômes en 2009, la secrétaire d'État aux affaires étrangères nous a promis que l'Égypte allait accorder des bourses à nos étudiants.
Dans la convention d'objectifs et de moyens que nous avons conclue avec le ministère des Affaires étrangères, nous nous étions engagés à limiter nos coûts de fonctionnement et à trouver des ressources innovantes au lieu de nous contenter de subventions. Et c'est effectivement ce que nous avons fait. Nous avons d'abord réalisé des économies considérables, la rémunération des heures de cours étant passée de 200 à 70 euros. J'ai supprimé les heures d'encadrement qu'assuraient les professeurs auprès des élèves pour 200 euros de l'heure – ce qui m'a valu l'hostilité de plusieurs enseignants. J'ai diminué les indemnités de stage de 1 000 à 800 euros par mois pour les étudiants se rendant en Europe, les alignant sur les montants de l'AUF, et de 800 à 600 euros par mois pour les étudiants effectuant leur stage en Afrique. J'ai aussi réduit la durée de stage d'un trimestre à deux mois et demi. D'autre part, pour les jurys d'examen et les recrutements, j'ai privilégié les vidéo-conférences par rapport aux déplacements individuels qu'effectuaient les directeurs à la fin de l'année. Cela nous a évité des dépenses. Alors que, avant mon arrivée, tous les deux ans en période de stage, il était retiré entre 250 000 et 300 000 euros sur le fonds de réserve, je n'ai pour ma part jamais touché à ce fonds. Ce fonds représente 1,1 million d'euros. Nous avons décidé que le recteur ne pouvait y toucher, mais, chaque année, j'y ajoute un excédent – il s'élève à 466 000 euros cette année.