En 2015, l'université emploie cinquante-neuf Égyptiens en contrat à durée indéterminée, contre cinquante-six en 2005, et six expatriés. La rémunération des personnels égyptiens n'est guère élevée : elle varie entre 115 euros par mois pour les gardiens et les femmes de ménage, et 1 900 euros pour les directeurs égyptiens. En 2014, le personnel expatrié a coûté 464 964 euros et le personnel égyptien, 354 234 euros. J'aimerais me séparer de certains personnels expatriés mais, étant donné la situation de l'Égypte, je ne trouve personne pour les remplacer à leur niveau d'expérience. Je suis donc obligé de retarder certains recrutements.
S'agissant des financements innovants, les campus Senghor nous ont rapporté 659 000 euros, puisqu'ils ne nous coûtent rien. Quant aux formations continues, elles nous ont rapporté 1 782 607 euros depuis 2010 : elles ont en effet coûté au total 2,051 millions, dont seuls 268 393 euros ont été financés par l'Université Senghor. Le reste a été payé par divers organismes, qui n'étaient pas nécessairement concernés par la Francophonie : Sanofi, l'Université de Johannesburg, la mairie de Port-Bouët, l'Association nationale des chirurgiens-dentistes du Burkina Faso, le groupement des associations francophones dentaires, l'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), la Wildlife Conservation Society (WCS), l'Union africaine et la Bibliotheca Alexandrina.
Les campus Senghor s'autofinancent en imposant des droits d'inscription, qui s'élèvent à 2 600 euros par étudiant. Nous considérons qu'une formation est financée dès lors que quinze à vingt étudiants y sont inscrits. Nous envoyons une facture à tous les candidats à nos formations, qui cherchent alors des financements auprès de différentes sources. Les ambassades de France préfèrent ainsi payer une bourse annuelle de 3 000 euros à un étudiant de l'Université Senghor plutôt qu'une bourse beaucoup plus élevée à cet étudiant en France. Les ministères financent également des bourses pour leurs propres cadres. Certaines entreprises participent aussi, de même que des organismes comme l'UICN et l'Institut francophone de développement durable, organe de l'OIF, qui ont financé notre master de droit et politique de l'environnement à Ouagadougou. Le ministère des finances burkinabé a quant à lui intégralement financé en 2013-2014 le master d'audit et de contrôle de gestion des services publics basés sur le risque, que nous avions mis en place à l'École nationale des régies financières de Ouagadougou. Il s'agissait d'un financement indirect assuré par la Banque mondiale.
Nous n'ouvrons de formation dans un pays que lorsque nous sommes assurés de disposer de financements couvrant tous nos coûts. Nous offrons actuellement quatorze formations à l'extérieur, contre neuf à l'Université Senghor. Il est donc possible à la Francophonie de se développer sans financement étatique supplémentaire. Pour cela, il faut proposer des formations spécialisées, correspondant aux besoins des différents pays et qui conduisent à l'emploi. Nous sommes demandés partout, tant les besoins sont considérables, car les formations traditionnellement proposées en Afrique sont généralistes – en droit public, droit privé, sociologie, relations internationales – et ne conduisent pas à l'emploi, contrairement aux nôtres. J'ai pu ouvrir des masters à Djibouti qui a, pour ce faire, obtenu des financements de la Banque mondiale. Nous aidons différents pays à former les spécialistes dont ils ont besoin, c'est-à-dire que nous formons des formateurs. Ces formations viennent en appui des politiques de modernisation des systèmes d'enseignement supérieur africains, et c'est pourquoi nous avons l'appui des autorités ministérielles locales.