Intervention de Albert Lourde

Réunion du 21 mai 2015 à 11h00
Mission d'évaluation et de contrôle des lois de financement de la sécurité sociale

Albert Lourde, recteur de l'Université Senghor d'Alexandrie :

D'abord parce qu'ils ne quittent pas l'Afrique. J'ai constaté une évolution notable. D'habitude, c'est en Europe ou au Canada que nos étudiants demandent à effectuer leur stage. Or, en 2014, 90 % d'entre eux ont demandé à partir en l'Afrique : c'est la preuve d'un changement d'attitude. Moi-même, lorsque j'étais étudiant, j'avais des collègues africains et maghrébins qui, après leurs études, pouvaient très bien rester en France, puisque l'on connaissait le plein emploi dans les années 1960. Or, ils préféraient eux aussi rentrer dans leur pays et contribuer à son développement. Lorsque, à l'époque de la dernière révolution, j'enseignais au Burkina Faso, les cadres m'ont dit avoir tout essayé – le capitalisme, le libéralisme, le socialisme, la révolution –, mais que rien ne fonctionnait. Cet accablement les a poussés à vouloir quitter leur pays, en l'absence de solution collective. Mais, aujourd'hui, avec les perspectives de développement de l'Afrique, une croissance moyenne de 6 % et des possibilités d'emploi, les étudiants reviennent dans leur pays, car leur patriotisme n'a jamais failli. Les cadres, à qui nous donnons une formation très pointue, n'ont aucun problème pour trouver un emploi. Certains retrouvent même leur ministère d'origine en bénéficiant d'un avancement.

Quant à l'AUF, dont j'ai été directeur régional en Asie dans les années 2000, c'est une institution très différente de l'Université Senghor. L'AUF est une association d'universités qui ne délivre pas de diplômes, mais qui accorde des subventions afin de financer des mobilités, de la recherche, des colloques et des réseaux de chercheurs. Elle n'exerce aucune autorité sur les universités dont elle est partenaire. Si elle est sollicitée pour monter une formation, elle doit faire appel aux bonnes volontés au sein de son réseau et c'est assez compliqué. Senghor est une université fonctionnant comme une grande école spécialisée dans le développement africain. Lorsqu'on me demande de monter un master, je le fais dans les trois mois. Nous fonctionnons de façon très peu bureaucratique, très légère et par conséquent très efficace. Cela étant, l'AUF est très utile, car elle apporte des financements : c'est notamment grâce à elle que la mobilité des enseignants est possible en Afrique. Elle finance également les préparations au CAMES et aux concours d'agrégation.

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